A compter du lundi 30 août, le pass sanitaire devient obligatoire pour le personnel des restaurants et bars, des lieux de culture et de loisirs, des compagnies de transport pour les longs trajets, ou encore de certains centres commerciaux. Les travailleurs sans pass devront être suspendus sans salaire, au moins jusqu’à fin novembre, ou transférés sur un autre poste où le sésame n’est pas exigé. Pour autant, un mois et demi après les annonces d’Emmanuel Macron à la mi-juillet, certains des 1,8 million de salariés concernés par cette mesure sanitaire n’entendent pas s’y plier, suscitant quelques cas de conscience pour leurs employeurs.

«On n’a plus qu’une salariée au lieu de deux»

Pour Karine Pidancet, «ça va être la grande surprise». Sa seconde serveuse, employée par l’intermédiaire d’un organisme d’insertion, a prévenu début août qu’elle ne reviendrait pas, du moins tant que le pass lui serait demandé. «Elle a trouvé un médecin qui lui a fait un arrêt-maladie jusqu’à mi-novembre», date à laquelle la mesure doit prendre fin, affirme Jeanne. «Je me refuse à demander à mes employés s’ils sont vaccinés, pour moi, c’est une question intime», déclare par exemple Hazaël Bonhert, patron d’une boulangerie-restaurant de 20 salariés à Wintzenheim.

Le commerçant a quand même «une idée» de qui, dans son équipe, pourrait être opposé à la vaccination.

Les intéressés, davantage sceptiques que fermement opposés à la vaccination, ont fini par franchir le pas. «Il nous a dit qu’il allait réfléchir, puis il y a deux semaines il nous a annoncé qu’il ne se vaccinerait pas», quitte à être suspendu sans salaire, raconte un des gérants, Christophe Bouvier.

Recherche serveurs vaccinés désespérément

Une chose est sûre, Guide entreprise affirme que pour ces patrons de petites structures, transférer les salariés concernés à un autre poste ne constitue pas une option réaliste. Claire Boclet a donc contacté une pharmacie d’un village voisin, pour que la jeune femme puisse se faire dépister tous les trois jours. S’ils permettent aussi d’obtenir le pass, les tests sont pourtant souvent écartés par les employeurs interrogés par franceinfo. Ce dernier n’a pas de problème de pass sanitaire avec ses employés actuels, mais il doit remplacer deux saisonniers dont le contrat prend fin dimanche.

«Cela fait trois personnes que je refuse parce qu’elles ne sont qu’en cours de vaccination», compte le patron de L’Abrazo, un bar à tapas. « Elles me répondent qu’elles n’étaient pas pressées.» Depuis la réouverture des restaurants et des bars, de nombreux représentants du secteur alertent sur la pénurie de main-d’œuvre.

«Je ne vais pas mettre la structure encore plus en péril»

Cette difficulté à recruter touche une bonne partie des secteurs concernés par le pass sanitaire. Les emplois y sont contraignants, la rémunération laisse parfois à désirer, tandis que la crise sanitaire a poussé certains à changer de voie. Au moment de suspendre leurs salariés sans pass, certains employeurs auront cette situation en tête.