Alors que l’obésité devient un enjeu majeur de santé publique, le médicament Wegovy, reconnu pour son efficacité dans la perte de poids, voit ses conditions de prescription assouplies. Une décision récente autorise désormais tous les médecins à le prescrire dès la première consultation, ouvrant la voie à une prise en charge plus accessible, mais soulevant aussi des questions sur l’encadrement et les risques d’usage détourné.
Wegovy : vers une démocratisation de la prescription médicale
Le 23 juin 2025 marquera un tournant dans la prise en charge de l’obésité en France : tous les médecins, y compris les généralistes, sont désormais autorisés à prescrire le Wegovy dès la première ordonnance.
Une avancée réglementaire majeure dans la lutte contre l’obésité
Jusqu’alors, le Wegovy, dérivée du sémaglutide et initialement développée pour le diabète de type 2, ne pouvait être prescrite qu’en initiation par des spécialistes comme les endocrinologues ou les nutritionnistes. Cette restriction, bien qu’ayant pour but de garantir un usage encadré, limitait considérablement l’accès au traitement pour de nombreux patients, notamment dans les zones sous-dotées en spécialistes.
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a donc décidé d’assouplir cette règle, dans un contexte où l’obésité touche plus de 17 % de la population adulte en France. Cette mesure vise à faciliter l’accès à un traitement reconnu pour son efficacité, tout en désengorgeant les cabinets spécialisés. Elle s’inscrit dans une volonté plus large de démocratiser la prise en charge de l’obésité, souvent négligée malgré ses conséquences graves sur la santé publique.
Wegovy : un accès élargi aux traitements
L’autorisation donnée à tous les médecins de prescrire le Wegovy représente une avancée significative pour les patients. Elle permet une prise en charge plus rapide, notamment pour ceux qui n’ont pas facilement accès à un spécialiste. Cela pourrait également favoriser une meilleure détection de l’obésité sévère et une intervention plus précoce. Des conditions essentielles pour prévenir les complications associées comme le diabète, les maladies cardiovasculaires ou certains cancers.
Cependant, cette prescription reste encadrée. Le Wegovy n’est pas un médicament miracle ni un produit de confort. Il est réservé aux patients souffrant d’obésité sévère (IMC ≥ 35) ou d’obésité modérée (IMC ≥ 30) avec comorbidités. De plus, c’est uniquement valable après l’échec d’une prise en charge nutritionnelle et comportementale. Il ne doit en aucun cas être utilisé à des fins esthétiques ou de perte de poids rapide sans suivi médical.
L’élargissement de la prescription doit donc s’accompagner d’un accompagnement global : conseils nutritionnels, activité physique adaptée, soutien psychologique. Le médicament n’est qu’un outil parmi d’autres dans une stratégie thérapeutique complète.
Les défis à relever pour une prescription responsable et efficace
Si cette mesure est prometteuse, elle soulève aussi plusieurs défis. Le premier concerne la formation des médecins généralistes. Beaucoup ne sont pas encore familiers avec les spécificités du Wegovy : posologie progressive, effets secondaires possibles (nausées, troubles digestifs), nécessité d’un suivi régulier. Des formations ciblées et des guides de bonnes pratiques seront donc essentiels pour garantir une prescription éclairée.
Un autre enjeu est celui du mésusage. L’attrait médiatique du Wegovy, souvent présenté comme un « coupe-faim révolutionnaire », pourrait inciter certains patients à le demander hors cadre médical. Il faudra donc veiller à éviter les dérives, notamment via une surveillance renforcée des prescriptions.
Enfin, le coût du traitement reste un frein majeur. En effet, il faut environ 300 euros par mois, non remboursés par la Sécurité sociale à ce jour. Cela limite son accessibilité, en particulier pour les foyers modestes. Une réflexion sur son remboursement pourrait s’imposer si l’on souhaite réellement lutter contre l’obésité de manière équitable.