Le HCSP estimait jusqu’à présent que la cigarette électronique pouvait «être considérée comme une aide pour arrêter ou réduire la consommation de tabac». William Lowenstein, addictologue, dénonce une «frilosité académique» alors que la combustion tue un fumeur sur deux.
Le HCSP ne conseille pas la cigarette électronique comme outil de sevrage
Quoi de mieux qu’un nouvel avis défavorable des autorités de santé autour de la cigarette électronique pour continuer de faire planer le doute sur ce dispositif prisé par près de 4 millions de Français. Dans un avis publié mardi 4 janvier, le Haut Conseil de la santé publique a indiqué que la cigarette électronique ne doit pas être proposée comme outil de sevrage du tabac par les professionnels de santé, faute de recul sur ses bénéfices et ses risques.
«Les professionnels de santé qui accompagnent un fumeur dans une démarche de sevrage tabagique se doivent d’utiliser des traitements médicamenteux ou non ayant prouvé leur efficacité», à l’instar des patchs ou des gommes à la nicotine, juge cet organisme consultatif. Selon le HSCP, «les connaissances fondées sur les preuves sont insuffisantes pour proposer comme aides au sevrage tabagique dans la prise en charge des fumeurs par les professionnels de santé».
Comment expliquez-vous les réticences des autorités françaises autour du vapotage ?
Nous faisons face aux mêmes réticences éternelles. Que ce soit autour de la légalisation du cannabis ou bien de la cigarette électronique. Cela me rappelle les débats autour de la méthadone. Les gens se braquent dès que les solutions ne leur semblent pas parfaites et vont jusqu’à inventer des choses dangereuses. Dans notre pays se mélange l’académisme et la frilosité, ce qui nous empêche de faire avancer des sujets majeurs de santé publique tels que l’alcool et le tabac. Cet avis, c’est l’illustration d’une volonté de mener une guerre propre, sans le moindre risque, alors que la situation s’aggrave. La politique de sevrage radical, c’est la tyrannie de l’idéal et cette stratégie n’obtient que de faibles résultats. Il faut être responsable. Le principe de précaution existe autour de la vape, mais il est dépassé par la nécessité d’éviter 75 000 morts par an.
Quel modèle de santé publique vis-à-vis du tabac devrions-nous adopter selon vous ?
En Angleterre la vape est au cœur de l’aide au sevrage tabagique. On ne peut pas dire que le Royal College of Physicians était irresponsable lorsqu’il a déclaré il y a cinq ans que la vape entraînait 95 % de risques en moins en comparaison avec la cigarette. La cigarette électronique fait partie intégrante des modalités de santé publique, avec publicité sur les arrêts de bus, dans la rue et des messages de prévention. C’est le pragmatisme anglo-saxon. C’est l’acceptation de la réduction des risques et pas simplement la vision française du «tout ou rien». Sur ces questions, ils sont en avance.