Alors que le peleton s’apprête à entrer dans les Alpes pour le dénouement de cette 111è édition, la domination de Pogacar dans les Pyrénées ramène un vent de suspicion dans ce sport longtemps gangréné par les affaires de dopage.
Les performances de Pogacar relancent la question du dopage
Depuis Lance Armstrong, la moindre performance est scrutée. C’en est presque devenu un refrain annuel au mois de juillet. Cette fois, c’est la performance du Tadej Pogacar ce dimanche, sur le Plateau de Beille qui le place au centre des attentions.
Nouveau record d’ascension du Plateau de Beille
Il faut dire que le Slovène a su raviver les méandres du passé. Cela en explosant les records d’ascension du Plat d’Adet de 1’56’’ et du Plateau de Beille de 3’40’’ détenus par Lance Armstrong et Marco Pantoni. Tous deux sont aujourd’hui reconnus coupables de dopage. Mais les performances du Slovène sont-elles à douter ? « C’est comme si on ne faisait pas le même sport », a déclaré le Norvégien Tobias Johannessen. Sans pour autant mettre ce constat sur le compte de la triche. Et force est de constater que chaque année, « ça va de plus en plus vite », rapporte le Français Axel Laurence, champion du monde espoirs, qui ne dit pas être surpris « par les performances des meilleurs ». En réalité et en l’absence de preuves, tout n’est que supposition.
Les camps s’opposent
Toujours est-il que cette performance du Slovène suscite bon nombre de réactions contradictoires. Les sceptiques dénoncent un cyclisme à deux vitesses. Ils soulignent les écarts importants entre les trois meilleurs et le reste du peloton. En revanche, d’autres mettent en avant les qualités exceptionnelles des « champions hors normes ». En effet, selon Julien Jurdie, directeur sportif de l’équipe Décathlon-AG2R, « Pogacar est un phénomène comme il y en a dans chaque sport. Ca impressionne et je comprends que ça puisse interpeller, car les allures dans les colles sont assez folles. Mais on se retrouve avec un champion comme il y en a un tous les 15 ans. On a balayé devant notre porte depuis de longues années, et le cyclisme est l’un des sports les plus propres actuellement ».
« Tout a changé »
Cependant, tous les acteurs sont d’accords que ce sport comme tant d’autres a fait d’énormes progrès dont Pogacar : « Quand je suis arrivé dans cette équipe [UAE Team Emirates], il y a six ans, on était vraiment des amateurs. Depuis, tout a changé ». Selon le docteur Jean-Pierre de Modenard, spécialiste du dopage, « les coureurs sont tous très médicalisés ». Cependant, il précise que Pogacar et Vingegaard « ne le sont pas plus que les autres », a-t-il indiqué à l’AFP. Pogacar est notamment pointé du doigt à cause de l’utilisation du monoxyde de carbone. Le site spécialisé EscapeCollective a révélé que trois équipes du Tour de France utilisent un recycleur de monoxyde de carbone. Il s’agit notamment de UAE, Visma et Israel-Premier Tech. Cet appareil mesure les bénéfices de l’entraînement en altitude.