Le chef du parquet de Port-au-Prince a demandé au juge enquêtant sur l’assassinat du président Jovenel Moïse d’inculper le Premier ministre Ariel Henry, en raison d’appels téléphoniques qu’il aurait échangés avec l’un des principaux suspects du meurtre.

Pourquoi le commissaire du gouvernement demande l’inculpation du Premier ministre

Bed-Ford Claude, le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince demande que le Premier ministre soit inculpé dans l’enquête sur l’assassinat du président haïtien et qu’il soit interdit de quitter le territoire haïtien «en raison de la gravité des faits exposés».

Dans un second courrier, envoyé au directeur de l’administration migratoire, Guide entreprise apprend que le commissaire du gouvernement justifie l’interdiction demandée de sortie du territoire à l’encontre d’Ariel Henry «pour des présomptions graves d’assassinat sur le président de la République».

Le 10 septembre, dans la soirée, Bed-Ford Claude avait déjà invité le chef du gouvernement à se présenter ce 14 septembre au parquet, affirmant qu’il avait eu, quelques heures après le meurtre de Jovenel Moïse, des conversations téléphoniques avec l’une des personnes activement recherchées dans le cadre de l’enquête.

Des éléments compromettants

Ancien cadre de l’unité de lutte contre la corruption, dépendante du ministère de la justice, Joseph Félix Badio aurait été géolocalisé dans le quartier où se situe la résidence privée de Jovenel Moïse lors des appels passés à Ariel Henry à 04h03 puis 04h20 la nuit de l’attentat, le 7 juillet dernier.

Samedi 11 septembre, le Premier ministre Henry avait alors dénoncé la démarche du procureur, la qualifiant de diversion : «Les manœuvres de diversion pour semer la confusion et empêcher la justice de faire sereinement son travail ne passeront pas», déclarait-il en rajoutant que «les vrais coupables, les auteurs intellectuels et les commanditaires de l’assassinat odieux du président Jovenel Moïse seront trouvés, traduits en justice et punis pour leur forfait».

Quarante-quatre personnes, dont 18 Colombiens et deux Américains d’origine haïtienne, ont déjà été arrêtées dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de Jovenel Moïse, commis à son domicile sans qu’aucun policier de sa sécurité rapprochée ne soit blessé.