Ukraine: cet argument de Poutine repris par des candidats à la présidentielle

Si les soutiens au Kremlin sont plutôt timides, en France certains candidats à la présidentielle ont tenté de justifier cette stratégie agressive en faisant remarquer que si l’Occident, et plus particulièrement l’Otan, avait «tenu sa promesse» faite en 1990 de ne pas s’étendre à l’Est, on n’en serait pas là. Focus sur cette actualités en direct qui fait retenir le souffle du monde entier.

L’argument de la promesse non tenue

«Quand l’URSS s’est effondré, il a été promis aux Russes que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est. Cette promesse n’a pas été respectée», a dénoncé Jean-Luc Mélenchon lors d’une conférence de presse le 22 février. «Quoiqu’on pense des arrière-pensées ou des logiques de situation, il n’empêche que c’est bien la Russie qui a pris la responsabilité» d’une «escalade» qu’il faut «condamner», a-t-il toutefois assuré. « L’extension de l’Otan à l’est depuis 30 ans contrairement à toutes les promesses de Georges Bush père à Gorbatchev est vue légitimement comme une agression par la Russie», explique-t-il, reconnaissant néanmoins qu’Emmanuel Macron «a raison de tenter d’éviter la guerre».

Une charge qu’il a renouvelée le 1er février dernier lors d’un discours. « On nous avait promis que l’infrastructure de l’Otan ne s’avancerait pas d’un pouce vers l’est. » .

Les Occidentaux ont-ils réellement manqué à leur parole et floué le géant russe?

L’avenir de l’Allemagne réunifiée est alors en discussion et l’une des grandes questions est notamment de savoir si elle sera neutre ou intégrée à l’Otan. Pour que l’URSS accepte, le secrétaire d’État américain, James Baker, assure à Mikhaïl Gorbatchev que «la juridiction militaire actuelle de l’Otan ne s’étendra pas d’un pouce vers l’est». La fameuse promesse a donc bien été formulée.

La grande «erreur» de Gorbatchev

D’une part, cette assurance faite par Baker à Gorbatchev de ne pas s’étendre à l’Est a été faite dans le cadre d’une discussion sur l’Allemagne et la RDA et seulement dans ce cadre-là. Cette promesse ne pouvait pas concerner les pays de l’Est, puisqu’ils auraient pu difficilement prévoir à l’époque la chute de l’URSS et l’éparpillement des pays du Bloc soviétique. « L’URSS et ses alliances ne s’effondreraient qu’à partir de 1991. L’idée d’élargir l’Otan à l’Europe centrale et orientale était hors de propos, on parlait uniquement de la RDA», explique Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur associé à l’Institut Thomas More.

«L’erreur de Gorbatchev a sans doute été de ne pas exiger la confirmation par écrit de ces engagements», note Charles Thibout, chercheur associé à l’IRIS.

L’Otan joue sur les mots, Moscou fulmine

En juillet 2015, alors qu’il fait face au réalisateur américain Oliver Stone, la question est évoquée. « Ce fut une erreur de Gorbatchev. Gorbatchev a seulement discuté avec eux et a considéré que cette parole était suffisante. Un entretien publié dans Conversations avec Poutine, écrit par Olivier Stone et cité par Le Monde Diplomatique. »

Si l’Otan ne tient pas une promesse non écrite, la Russie viole ses engagements signés.

Quand bien même la promesse faite à Gorbatchev n’a pas été dite dans le but de le duper, il reste que la chute de l’URSS et l’éclatement de la Yougoslavie a rebattu totalement les cartes et ouvert de nouvelles perspectives. Pour ce qui est de ne pas tenir ses promesses, si du côté de l’Otan la question mérite débat, du côté de la Russie elle ne se pose même pas. Une promesse foulée aux pieds avec l’annexion de la Crimée en 2014 et qu’il a fini d’achever le 21 février 2022, à l’instar des accords de Minsk.

sophie@guide-entreprise.fr: