Le président américain Joe Biden a agité mercredi la menace de sanctions comme Vladimir Poutine «n’en a jamais vu» en cas d’invasion de l’Ukraine, son homologue russe jugeant lui que Moscou avait «le droit» de se défendre. Focus sur cette actualité diplomatique.

« Il y aurait des conséquences économiques », Joe Biden

«J’ai été très clair, si en effet il envahit l’Ukraine», il y aura des «conséquences économiques comme il n’en a jamais vu», a déclaré Joe Biden devant des journalistes à la Maison Blanche, au lendemain d’un entretien de deux heures avec Vladimir Poutine.

Si le président démocrate a pour l’heure écarté l’envoi de troupes américaines car Kiev n’est pas membre de l’Otan, la pression diplomatique s’accentue sur le Kremlin, accusé de masser des dizaines de milliers de soldats à la frontière avec l’Ukraine, en vue d’attaquer le pays.

Kiev a reçu le soutien du nouveau chancelier allemand Olaf Scholz, qui a menacé mercredi de «conséquences» pour le gazoduc controversé Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne en cas d’invasion.

«Notre position est très claire, nous voulons que l’inviolabilité des frontières soit respectée par tous», a-t-il déclaré dans sa première interview après sa prise de fonction.

La Maison Blanche n’a pas dit clairement si M. Biden avait évoqué ce moyen de pression devant Vladimir Poutine, mais le conseiller pour la sécurité nationale, Jake Sullivan, a insisté sur cette option «absolument prioritaire».

«Moyens de défense» selon Moscou

De son côté, la Russie nie toute velléité belliqueuse envers son voisin, dont elle a annexé la péninsule de Crimée en 2014, mais s’oppose catégoriquement à l’adhésion de Kiev à l’Otan.

Vladimir Poutine a affirmé mercredi que Moscou avait «le droit de protéger sa sécurité», estimant que laisser l’Otan s’approcher de ses frontières sans réagir serait «criminel».

«Nous ne pouvons qu’être préoccupés par l’éventualité d’une admission de l’Ukraine au sein de l’Otan, car cela s’accompagnerait sans aucun doute d’un déploiement de contingents militaires, de bases et d’armements qui nous menacent», a-t-il ajouté.

Lors de son entretien avec l’hôte de la Maison Blanche, le chef de l’Etat russe a notamment demandé des «garanties juridiques sûres» qui empêcheraient l’Ukraine de rejoindre l’Otan.

A Washington, Joe Biden a jugé que «l’obligation sacrée» qui le lie aux pays de l’Alliance atlantique «ne s’étend pas à l’Ukraine», excluant pour l’instant une intervention militaire. Mais il a prévenu qu’une attaque russe en Ukraine entraînerait un renforcement de la présence militaire américaine sur les territoires des membres de l’Otan en Europe de l’Est.

Risque d’une nouvelle confrontation

«Nous voyons maintenant une véritable réaction personnelle du président Biden dans la résolution du conflit», s’est-il félicité. Les présidents américain et ukrainien doivent s’entretenir au téléphone jeudi.

A l’issue de cet appel, Joe Biden se concertera avec les dirigeants du «groupe des neuf de Bucarest», qui rassemble des pays d’Europe de l’Est membres de l’Otan, sur son échange avec son Vladimir Poutine et les craintes d’invasion de l’Ukraine.

Ce groupe comprend la Bulgarie, la République tchèque, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie.