La lanceuse d’alerte, à l’origine de la fuite de documents internes de Facebook qui ont alarmé le public et des élus américains, s’est montrée pour la première fois à visage découvert dimanche, dans un entretien à l’émission «60 Minutes» diffusée par la chaîne CBS. Ancienne ingénieure chef de produit chez Facebook, Frances Haugen a accusé le groupe de « le profit plutôt que la sûreté» de ses utilisateurs.
Facebook «privilégie ses intérêts»
Avant le scrutin présidentiel américain de novembre 2020, Facebook avait modifié ses algorithmes pour réduire la diffusion de fausses informations. Mais selon la lanceuse d’alerte, «dès que l’élection a été terminée», le groupe les a reconfigurés comme avant, «pour donner la priorité à la croissance plutôt qu’à la sûreté».
«Il y avait des conflits d’intérêt entre ce qui était bon pour le public, et ce qui était bon pour Facebook», a insisté Frances Haugen, et le groupe, «une occasion après l’autre, choisissait de privilégier ses intérêts, c’est-à-dire faire plus d’argent». «J’ai vu pas mal de réseaux sociaux, et la situation chez Facebook était sensiblement pire que ce tout ce que j’avais pu voir avant», a dit l’ingénieure, passée par le site de rencontres Hinge, mais aussi Yelp ou Pinterest.
L’offensive de Nick Clegg
Avant son départ de l’entreprise, en mai, Frances Haugen avait emmené avec elle de nombreux documents issus de recherches internes à l’entreprise et les avait confiés au Wall Street Journal. Guide entreprise sait que dans un article publié mi-septembre, le quotidien a révélé, sur la base de ces informations, que l’entreprise effectuait des recherches sur son réseau social Instagram depuis trois ans pour en déterminer les effets sur les adolescents. Les études ont notamment montré que 32% des adolescentes estimaient que l’utilisation d’Instagram leur avait donné une image plus négative de leur corps lorsqu’elles n’en étaient déjà pas satisfaites.
Un appel à réguler Facebook
«Personne chez Facebook n’est malveillant », a estimé la lanceuse d’alerte. « Mais les intérêts ne sont pas alignés.» Pour elle, Mark Zuckerberg, co-fondateur et PDG de Facebook, n’a jamais cherché à faire de Facebook une plateforme haineuse, «mais il a permis que des choix soient faits», favorisant la diffusion de contenus haineux.