Le nouvel accord sur la chronologie des médias prévoit que les longs métrages pourront être diffusés 15 mois après leur sortie sur Netflix, 17 mois sur les autres plates-formes, et six mois sur Canal+. C’est un accord majeur pour le cinéma, la télévision et le streaming qui a été signé ce lundi, au ministère de la Culture, après de longs mois de négociations. Jusqu’ici, Canal+ pouvait diffuser un long-métrage huit mois après sa sortie, et les plates-formes de streaming 36 mois après. Sur Disney+ et Amazon Prime Video, le délai passe à 17 mois.
Accord sur la « chronologie des médias » : bataille mené par Netflix et Canal+
Jusqu’ici, Canal+ pouvait diffuser un long-métrage huit mois après sa sortie, et les plates-formes de streaming 36 mois après. Canal+ et Netflix ont mené la bataille pour que les délais soient raccourcis. L’accord signé les réduit fortement : à six mois pour la chaîne cryptée, et à 15 mois pour la plate-forme. Sur Disney+ et Amazon Prime Video, le délai passe à 17 mois. Les chaînes hertziennes, elles, conservent leurs 22 mois.
Canal+ grand gagnant
Le fait d’avoir récemment signé un accord avec le 7e art français qui stipule que la chaîne cryptée va financer ce dernier à hauteur de 600 millions d’euros pour trois ans a pesé dans la balance. Désormais, les spectateurs pourront donc voir les longs métrages sur la chaîne cryptée et ses filiales six mois après leur sortie en salle, ce dont le groupe s’est « félicité » via un communiqué. Depuis le mois de juillet 2021, les plates-formes de streaming ont l’obligation de financer les œuvres audiovisuelles françaises à hauteur d’au moins 20 % de leur chiffre d’affaires, à la suite d’un accord qui a aussi été conclu au terme d’intenses négociations avec le ministère de la Culture et tous les acteurs du secteur. Mais en contrepartie, elles demandaient aussi que les délais de diffusion soient raccourcis, d’où le nouvel accord de ce lundi.
Celui-ci prévoit que ce délai sera ramené à 17 mois, sauf accord annexe entre les plates-formes et les professionnels du cinéma.
Les chaînes hertziennes s’y retrouvent
Le délai pour les chaînes hertziennes reste inchangé : 22 mois entre la sortie d’un film et sa programmation sur TF1, M 6 ou France Télévisions. Mais ces dernières ont argué du fait qu’elles devenaient ainsi la dernière roue du carrosse et perdaient leur avantage par rapport aux plates-formes de streaming et elles ont obtenu une compensation. Cela s’appelle la « fenêtre d’étanchéité », une période durant laquelle les plates-formes devront « relâcher » les longs métrages quand viendra leur temps d’être diffusé sur les chaînes hertziennes.
La colère de Disney+
Si Amazon, non-signataire de l’accord, n’a pas encore réagi, Disney+ a fait entendre sa voix quelques minutes après la signature via un communiqué. Selon nos informations, ce qui choquerait le plus la filiale du groupe Disney serait autant le délai de 17 mois que la question de la fenêtre d’étanchéité. « Le marché français est le plus important d’Europe », souligne-t-il, précisant que les signataires de l’accord « n’avaient pas été destinataires de cette menace ». Et s’empressant d’ajouter que le ministère et Roselyne Bachelot ont insisté jusqu’au bout pour que Disney fasse une contre-proposition, sans succès.
« L’accord a donc été signé par défaut, mais il est évolutif », rappelle Olivier Henrard, directeur général du Centre national du cinéma (CNC). En effet, il doit être révisé chaque année, ce qui laisserait à Disney et à d’autres la possibilité de renégocier…