L’année 2023 marque un ralentissement global du secteur de bâtiment qui continue de s’aggraver. La crise du bâtiment ne semble plus être un spectre menaçant, mais bien une réalité. Les perspectives sont encore plus sombres en 2024 si bien que « la colère monte » chez les professionnels, a prévenu la fédération de promoteurs et constructeurs Pôle Habitat.
Crise du bâtiment : les professionnels grognent
Invité sur BFMTV le jeudi 8 février dernier, Olivier Salleron, président de la FFB (fédération française du bâtiment) a dressé un état « cataclysmique » de la situation du secteur du bâtiment. Les professionnels du secteur ont par ailleurs mis en garde contre un mouvement comme celui des agriculteurs.
Un 2023 au ralenti
En 2023, l’activité globale du BTP a baissé de 0,6% en volume selon le FFB. Cela s’explique surtout par le recul de 7,8% des chantiers de logements neufs. Le nombre de mises en chantier de 2023 se rapproche de son niveau le plus bas en 1990, 286.000 contre 275.000. Plusieurs facteurs expliquent ce recul. D’une part le renchérissement des coûts de construction à cause de l’augmentation des coûts des matériaux de construction et une règlementation environnementale plus stricte. D’autre part, il y a la baisse des demandes à cause des crédits inaccessibles et de la fin progressive des dispositifs fiscaux incitatifs. Selon Olivier Salleron sur BFMTV, cette crise du bâtiment concerne surtout les ouvriers. En 2023, 8 000 postes ont été supprimés.
Une crise qui risque de s’éterniser
En 2024, la dégradation du secteur devrait se poursuivre. La BBF prévoit une suppression de 90 000 postes pour cette année. Si rien ne vient renverser la tendance, ce seront 150.000 postes qui seront supprimés dans les deux prochaines années. Dans l’Alliance des 10 sur le logement, ce seront 300 000 salariés qui seront mis sur le carreau à partir de mi-2025. En 2023, seule l’amélioration-entretien a connu une croissance de 2,4%, principalement due à la rénovation énergétique. Et si la FFB prévoyait que la rénovation énergétique allait rattraper la situation, ce n’est plus le cas maintenant. En cause, le décret en fin décembre sur l’accompagnateur énergétique qui est chargé de contrôler les travaux. On compte 1/3 d’accompagnateurs sur le territoire français. Un nombre bien insuffisant qui bloque entre 3 à 6 mois les travaux de rénovations. Si rien ne change, les artisans vont mettre les clés à la porte avant le 30 juin, explique Olivier Salleron.
Crise du bâtiment : « La grogne est là »
Une situation qui commence à bien plus que peser pour les professionnels du secteur. Entre autres, les présidents de fédérations de professionnels du bâtiment en Rhône-Alpes ont refusé de rencontrer le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, lui demandant de « l’action ». « Tant qu’on n’aura pas de concret, on risque d’avoir toujours des réactions comme celle-ci et des actions de plus en forte dans les territoires, et là-dessus, on ne peut que dire : vous récoltez ce que vous avez semez », soutient Grégory Monod, président du Pôle Habitat. Face à cette situation, les professionnels du secteur envisagent un mouvement comme celui des agriculteurs. « Attention la grogne est là et ce sera plus violent », met en garde Olivier Salleron.