Emmanuel Macron est tant occupé par la crise internationale que le meeting de Marseille pourrait être reporté, les candidats modifient leurs agendas et thèmes de campagne. La campagne présidentielle a déjà été perturbée en janvier par la vague Omicron, c’est désormais la guerre en Ukraine qui, en plus de secouer les actualités internationales, bouleverse la vie politique française, à 42 jours du premier tour, le 10 avril. Depuis le jeudi 24 février et l’invasion de l’Ukraine par la Russie dans des proportions que peu d’analystes avaient prévues, c’est avant tout l’agenda du président Macron, sans doute futur candidat de la majorité, qui est chamboulé.
Castex prend le relais de Macron sur la scène nationale
Vendredi soir, c’est Jean Castex qui prend sa place au dîner du Crif. Samedi matin, le président ne passe qu’un court moment très matinal au Salon de l’Agriculture au lieu de la journée complète et affirme devant les agriculteurs que «la guerre durera». C’est Jean Castex, encore, qui prend le relais dans les allées du Salon, à la rencontre des éleveurs et producteurs. C’est encore lui qui recevra les «forces politiques de la nation» ce lundi 28 février pour leur donner «le meilleur niveau d’informations» sur la guerre en Ukraine en cours, selon un conseiller de Matignon.
La gauche se divise sur le soutien à l’Ukraine
Du côté des oppositions, la guerre s’invite avec fracas dans le débat public et dans les agendas. Yannick Jadot annule sa réunion publique prévue à Clermont-Ferrand vendredi, pour dire son soutien à l’Ukraine, le lendemain place de la République à Paris, lors d’un rassemblement pour la paix, aux côtés de Christiane Taubira, Raphaël Glucksmann et Olivier Faure, le patron du PS. Des positions diamétralement opposées à celles de Jean-Luc Mélenchon, et de Ségolène Royal qui l’a rejoint et qui a dénoncé des «va-t’en guerre» en ciblant Jadot et Hidalgo. De son côté, Yannick Jadot donne le point au président français en estimant que les sanctions prises samedi «vont dans le bon sens».
Meeting bleu et jaune
Les Insoumis ont passé le week-end à tenter de contrer les critiques venues de toutes parts, y compris à gauche, en ressortant des vieux tweets de Jean-Luc Mélenchon condamnant le régime de Vladimir Poutine. Un sujet qui pourrait embarrasser le candidat qui était en dynamique dans les sondages avant le déclenchement de la guerre. Là encore, la guerre s’est invitée dans le meeting de la candidate LR qui en a profité pour tacler trois de ses adversaires, Marine Le Pen, Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon qu’elle juge «disqualifiés», en raison de leur proximité avec la Russie avant la crise.
Les petites phrases de Zemmour en boomerang
«Je rêve d’un Poutine français», déclarait Éric Zemmour en 2018. Le candidat «Reconquête!» n’a pas bouleversé les plans de sa campagne. Lors de son discours, l’ancien polémiste ne prend pas la défense unilatérale de l’Ukraine et pointe la responsabilité des États-Unis de «pousser chaque fois plus loin les frontières de l’OTAN». Elle aura obtenu dimanche celle de François Bayrou, le maire de Pau et président du MoDem qui annonce qu’il lui enverra son parrainage «au nom de la démocratie».
La campagne semblait malgré tout se poursuivre et Emmanuel Macron doit annoncer officiellement sa candidature cette semaine. Il a reçu deux nouveaux soutiens, l’ex-LR président de la région Paca, Renaud Muselier et le souverainiste ancien candidat à la présidentielle Jean-Pierre Chevènement. «Nous souhaitons qu’il soit candidat, mais c’est lui seul qui décidera et qui choisira la date, car le contexte international prend la main», souffle-t-on dans l’équipe de campagne de la majorité présidentielle. Samedi 5 février, le Président en exercice avait prévu de lancer sa campagne à Marseille, «capitale politique 2022» , selon le politiste phocéen Nicolas Maisetti.
Un meeting était attendu dans la ville du Sud, mais selon nos informations, l’hypothèse d’un report est clairement à l’étude. Dès ce lundi 28 février, Emmanuel Macron présidera un nouveau Conseil de Défense et de sécurité nationale qui l’éloignera encore un peu plus des soubresauts de la campagne.