Le cours du gaz en Europe a battu un nouveau record mardi au premier jour de l’hiver, dopé par la demande saisonnière et les tensions géopolitiques entre le principal fournisseur, la Russie, et ses clients.
Prix du gaz européen : une hausse inédite
«Le gaz naturel européen poursuit son inexorable ascension», ont constaté les analystes de Deutsche Bank, du fait de «températures qui continuent à baisser en Europe» et de «l’absence de réservation par Gazprom de capacités supplémentaires en janvier pour le gaz passant par l’Ukraine».
Le cours européen de référence, le très volatil TTF néerlandais, a gagné mardi plus de 22% pour s’installer à 180,267 euros le mégawattheure , après un pic à 187,785 euros peu après 15H00 GMT .
Un gazoduc sous pression
Si on fait une analyse économique, le regain de tensions à la frontière entre la Russie et l’Ukraine est régulièrement mis en avant par les observateurs du marché pour expliquer l’envolée des prix. Le président russe Vladimir Poutine a promis mardi une réponse «militaire et technique» si ses rivaux occidentaux ne mettent pas fin à leur politique jugée menaçante.
Pour le Kremlin, les Etats-Unis et l’Otan renforcent leur présence aux frontières russes en armant l’Ukraine, en la soutenant politiquement, en y menant des manœuvres et en déployant des forces en mer Noire. Les Occidentaux accusent au contraire Moscou de velléités agressives, l’armée russe ayant massé des dizaines de milliers de soldats à la frontière avec l’Ukraine, pays dont la Russie a déjà annexé une partie du territoire.
Hausse du prix du gaz européen : une réaction en chaîne
Le nouveau gouvernement allemand du social-démocrate Olaf Scholz est autrement moins conciliant. Ainsi le ministre de l’Economie allemand, l’écologiste Robert Habeck, a mis en garde samedi contre de «sévères conséquences» pour le pipeline en cas d’agression de la Russie contre l’Ukraine, s’inscrivant dans les pas de la nouvelle cheffe de la Diplomatie Annalena Baerbock qui avait menacé le 12 décembre «d’arrêt» pur et simple de Nord Stream 2 en cas d’escalade en Ukraine.
La décision de certification du gazoduc Nord Stream 2 par le régulateur allemand n’est pas attendue avant mi-2022. Les stocks de gaz en Europe ont par ailleurs été entamés par un hiver prolongé en 2020 et n’ont pas été suffisamment réapprovisionnés depuis.