En 2019, son divorce d’avec Jeff Bezos, fondateur et PDG d’Amazon, a fait d’elle la troisième femme la plus riche du monde. Sa fortune, estimée à 53 milliards de dollars, elle la partage sans compter, en toute discrétion. MacKenzie Scott s’est trouvée projetée sous les feux des projecteurs dans des circonstances plutôt douloureuses. Début 2019, un tabloïd américain, le National Enquirer, publiait les textos très privés de Jeff Bezos, le fondateur du géant de l’e-commerce Amazon, à destination de la journaliste Lauren Sánchez, avec qui il entretenait une liaison.

Le couple Bezos, déjà séparé depuis plusieurs mois, annonçait alors officiellement sa séparation de manière très civile. MacKenzie n’est pas le genre de femme à régler son divorce au tribunal. Après plusieurs mois de négociations discrètes, elle obtenait 4% des titres Amazon.

Des dons consacrés à neuf causes délaissés

En juillet 2020, MacKenzie Scott publie un premier post sur le site Medium, qui bouscule le monde de la philanthropie. Surtout, elle veut contribuer, par ses dons, à partager les avantages dont elle a bénéficié. Elle explique avoir orienté ses dons sur neuf causes délaissées, dont l’équité raciale, l’égalité LGBTQ+, l’égalité femmes-hommes, la santé publique ou encore le changement climatique. S’ensuit un deuxième post en décembre 2020, où elle explique avoir recruté une petite équipe, avec qui elle a mené des recherches et sélectionné cette fois 384 associations, qu’elle nomme. Elles ont reçu plus de 4 milliards de dollars de dons. Et Guide entreprise a fait le compte, ça fait un montant total à 6 milliards de dollars en moins d’un an.

Des dons ciblés, immédiats et sans aucune condition

MacKenzie Scott est une révolutionnaire dans ce monde feutré et codifié. « Elle a fait ses recherches et montre sa confiance totale en faisant des dons non restrictifs», juge Debra Mesch, professeure du Women’s Philanthropy Institut à l’université d’Indiana. Alors que la Fondation Bill & Melinda Gates, la plus active au monde, a donné 5,1 milliards de dollars en 2019, une seule femme est parvenue à faire encore plus et plus vite, toute seule.

Une méthode féminine

«Les femmes donnent avec le cœur, elles ne pensent pas aux avantages fiscaux mais à l’impact qu’elles peuvent avoir. Cette approche transformationnelle s’oppose à celle des hommes, plus transactionnelle», selon Debra Mesch. Cette dernière applaudit la décision de MacKenzie Scott de sortir de son silence. «En général, les femmes sont plus réticentes à parler de leurs actions philanthropiques, l’inconvénient est qu’elles ne peuvent pas servir de modèle à d’autres femmes», ajoute Debra Mesch.

Une passion précoce pour la littérature

Avant de révolutionner la philanthropie moderne, MacKenzie Scott a longtemps vécu dans l’ombre de son mari. Née en 1970 à San Francisco, dans une famille aisée, elle écrit son premier livre à 6 ans, un manuscrit de 152 pages rédigé sur du papier brouillon récupéré à l’école. Fraîchement diplômée, MacKenzie Scott déménage à New York et, pour payer ses factures tout en travaillant à son premier roman, trouve un emploi au sein d’un fonds spéculatif. Elle y rencontre Jeff Bezos, qui occupe le bureau à côté du sien.

Trois mois plus tard, ils se fiancent et se marient en 1993, alors que la jeune femme n’a que 23 ans. Jeff Bezos lui parle de son idée de site Internet de vente de livres, et elle l’encourage à se lancer. Pendant que MacKenzie conduit, Jeff écrit le business plan de ce qui deviendra Amazon.

Première employée d’Amazon

MacKenzie poursuit l’écriture de son premier roman la nuit, et devient la première salariée d’Amazon le jour. MacKenzie participe aussi aux réunions stratégiques et offre de précieux conseils à son mari. Dès 1999, Jeff Bezos est nommé Personne de l’année par le magazine Time . Nul ne sait à quel moment MacKenzie Bezos sort de l’entreprise, elle prend progressivement du champ, afin de se concentrer sur son roman et sa famille.

Deux romans, quatre enfants et une séparation

Pendant qu’Amazon conquiert le monde, MacKenzie Bezos élève quatre enfants, dont une petite fille adoptée en Chine, et sort en 2005 son premier roman, The Testing of Luther Albright, après dix ans de travail et «beaucoup de larmes», de son propre aveu. En 2013, elle publie un deuxième livre, Traps, le parcours croisé de quatre femmes. Une image de femme exemplaire, alors même que Jeff Bezos devient l’homme le plus riche du monde.

Un monde associatif comblé

Pour les bénéficiaires de son action philanthropique, en pleine pandémie, ces dons inattendus sont comme un cadeau tombé du ciel. Les associations concernées n’ont pas besoin de faire de rapport sur l’impact des dons et, surtout, peuvent les dépenser à leur discrétion, ce qui est totalement nouveau. MacKenzie Scott ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, d’autant qu’elle est désormais accompagnée. Début mars, elle a annoncé s’être remariée avec Dan Jewett, un professeur de chimie du lycée de ses enfants.

Un monde rempli de femmes philanthropes plus actives

Avec son célèbre mari, Bill Gates, elle a créé la Fondation Bill & Melinda Gates en 2000, qui a pour objectif d’améliorer les soins de santé dans le monde et de réduire l’extrême pauvreté. Elle est dotée de 45 milliards de dollars. Pédiatre, la femme de Mark Zuckerberg dirige la Chan Zuckerberg Initiative . Ils ont promis de lui transférer à terme 99 % de leur fortune, estimée à 45 milliards de dollars.

En 2011, après le décès de son mari, Steve Jobs, elle a hérité de près de 20 milliards de dollars.