Huit mois après avoir lancé une concertation sur « habiter la ville de demain » pour repenser l’aménagement après la Covid-19, la ministre du Logement Emmanuelle Wargon espère voir fleurir des logements collectifs qui renouent avec « l’intensité heureuse » tout en qualifiant les maisons individuelles de « non-sens écologique, économique et social ».

Il s’agit d’ « un fonctionnement urbain dépendant de plus en plus de la voiture individuelle », d’« un modèle derrière nous » et même d’« un non-sens écologique, économique et social », poursuit-elle.

L’intensité heureuse serait d’intérêt écologique

« Nous avons proposé à la ministre du Logement de créer un permis d’aménagement climatique c’est-à-dire qui sauvegarde les fonctions des sols en faisant des alignements d’arbres, de jardins et parcs pour la biodiversité et de façon à maintenir un cadre de vie résilient », déclare François Rieussec dans les propos recueillis par Guide entreprise. C’est ce qu’Emmanuelle Wargon appelle « l’intensité heureuse », c’est-à-dire des quartiers où l’habitat collectif neuf s’insère au milieu de « services de qualité, numérique, la proximité avec les lieux de travail, commerces et espaces publics offrant des lieux de respiration et générateurs de lien social ». La ministre veut en outre lancer « une grande campagne de sensibilisation » pour démontrer « l’intérêt écologique » d’une ville moins étalée et in fine redonner envie de vivre en ville.

103 jours de carnets de commande pour les artisans du bâtiment

A l’inverse, face à « une urgence climatique qui ne se négocie pas », elle considère que le logement individuel a un « impact écologique très fort » tant pour les émissions carbone – elle cite trois fois la voiture individuelle – que pour la terre naturelle qu’il consomme. D’autant que le Premier ministre Jean Castex vient de rehausser de 2 milliards d’euros supplémentaires l’enveloppe allouée à la réhabilitation des logements particuliers. Des espèces sonnantes et trébuchantes qui profitent à la confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment . « Malgré les difficultés de recrutement et la hausse voire la pénurie des matériaux, nous avons 103 jours de carnets de commande », affirme le président de la Capeb, Jean-Christophe Repon.

La vente de maisons individuelles en plein boom

S’agissant de la consommation de terres agricoles, les bâtisseurs de maisons s’adaptent en réalité aux plans locaux d’urbanisme que leur imposent les communes voire les intercommunalités. En 2019, avant la crise économique et sanitaire, la surface moyenne d’un terrain constructible était de 930 mètres carrés. Aujourd’hui, elle demeure de 1.200 à 1.300 m², sauf que « nos acquéreurs n’ont pas besoin de 2 hectares de terrain à entretenir », relève le délégué général du pôle habitat de la fédération française du bâtiment Christophe Boucaux. En attendant, la fédération française des constructeurs de maisons individuelles vise les 125.000 habitats vendus en 2021, de la même façon que le pôle habitat de la fédération française du bâtiment revendique la vente de 138.000 maisons de fin août 2020 à fin août 2021.