Le procès d’un réseau d’entreprise btp, communément surnommé « mafia des déchets », soupçonné de déverser des déchets de chantier dans la nature et démanteler en juin 2020 commence ce 22 novembre 2021, à Draguignan.

Démantelé en juin 2020, au cours d’une opération baptisée « Terres brulées », un réseau d’entreprises du BTP doit désormais s’expliquer devant la justice. Il est soupçonné d’avoir commis des déversements sauvages de déblais de chantier dans la nature et chez des particuliers dans le Var et les Alpes-Maritimes. Le procès de ce qui a pu être qualifié de « mafia des déchets » s’ouvre ainsi ce 22 novembre 2021, pour cinq jours, à Draguignan .

Dans ce dossier, 17 prévenus et 7 sociétés, dont une fictive, comparaissent. Les prévenus encourent jusqu’à 10 ans de prison et un million d’euros d’amende pour diverses infractions pénales et atteintes à l’environnement.

De lourdes charges mais pas l’ampleur d’un système mafieux

Les prévenus sont ainsi poursuivis pour abandon et gestion irrégulière de déchets en bande organisée, au titre du code de l’environnement. Au plan pénal, c’est pour escroquerie en bande organisée, menace de mort, de crime ou de délit, ou encore pour extorsion par violence. Car parallèlement aux déversements dans la nature, des propriétaires de terrain à la recherche d’un peu de terre via Le Bon Coin ou Facebook (car oui, les appels d’offre ont été postés sur des sites) ont finalement vu défiler parfois des centaines de camions sur leur propriété, et ont pu être menacés en cas de protestation. Sur l’une des propriétés notamment, 240 tonnes de terres polluées à l’arsenic et au plomb ont été déversées !

C’est la raison pour laquelle le terme de « mafia » a pu être utilisé pour désigner cette organisation et ses agissements. Malgré tout, « les pratiques observées dans le Var et les Alpes-Maritimes n’ont pas l’ampleur ni les moyens de la mafia, estimait il y a quelques mois le procureur de la République de Draguignan, Patrice Camberou, interrogé par Batiactu.

Un profit « de l’ordre de plusieurs millions d’euros »

Comment s’y prenaient-elles ? Les entreprises obtenaient des marchés d’évacuation de gravats, les facturaient au tarif réglementaire mais écoulaient et entreposaient les déblais « sur des terrains privés ou publics, en trompant ou menaçant les propriétaires », le tout coûtant « environ cinq fois moins cher », toujours selon le parquet. A la clé, un profit « extrêmement conséquent, soulignait le Patrice Camberou dans nos colonnes, de l’ordre de plusieurs millions d’euros sur la période de prévention ».