Une étude de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a été récemment publiée dans la revue The British Medical Journal (BJM). Cette étude associe notamment le risque de développement de tumeur cérébrale avec la prise de pilules contraceptives.
Les contraceptifs augmentent le risque de tumeurs cérébrales
Alors que de plus en plus de femmes se plaignent des effets secondaires connus des contraceptifs, d’autres effets négatifs sont constatés. Le dernier a été mis en lumière par les équipes d’Alain Weill, directeur adjoint du groupement Epi-Phare, alliance de l’Assurance maladie et de l’ANSM : l’utilisation de plus d’un an de ces contraceptifs favorise le développement de tumeur des méninges.
Pris de contraceptifs : un risque dès un an de prise
L’étude a été menée sur 108 366 femmes. En tout, 18 061 d’entre elles ont subi une opération du cerveau pour retirer un méningiome intracrânien entre 2009 et 2018. Les résultats de cette étude mettent en évidence une corrélation entre l’utilisation prolongée de certains contraceptifs et le risque accru de développer des méningiomes intracrâniens. Le méningiome intracrânien représente 40% des tumeurs primaires du système nerveux central. Bénigne, cette tumeur qui se développe à partir des membranes qui entourent le cerveau et la moelle épinière peut nécessiter une ablation chirurgicale. L’étude a révélé que les femmes ayant pris ces progestatifs pendant un an et plus ont plus de risque de développer cette tumeur cérébrale que celle qui ne les prennent que pour une courte durée ou ne les prennent tout simplement pas.
Risque différent selon le contraceptif
Non seulement utilisés en contraception, ces médicaments sont aussi pris dans le traitement de certaines maladies gynécologiques (endométriose…) ou les parcours de procréation médicalement assisté. L’étude montre par ailleurs que le risque est différent selon le médicament. Trois contraceptifs sont notamment dans le viseur des chercheurs : Depo Provera, Colprone et Surgestone. Par conséquent, l’injection de 150mg d’acétate de plus d’un an de médroxyprogestérone (Depo Provera) augmente de 5,6 fois le risque de développer un méningiome intracrânien. La prise par voie orale prolongée de 5mg médrogestone (Colprone) augmente de 4,1 fois le risque de développement de la tumeur et de 2,7 fois la prise par voir orale de 0,25mg/0,5mg de promégestone (Surgestone) prolongée.
Des millions de femmes concernées
De précédentes études ont déjà mis en avant le risque de développement de tumeur avec d’autres médicaments contraceptifs : le Lutéran, le Lutényl et l’Androcur. Des milliers de Françaises ont alors remplacé ces médicaments pour le Colprone. Selon le docteur Alain Well, « si les femmes ont utilisé un autre progestatif à risque avant de passer au Colprone, elles présentent un risque accru de méningiome sans attendre un an ». Par ailleurs, 74 millions de femmes dans le monde prennent du Depo Provera, « le nombre de méningiomes attribuables à ce médicament pourrait être élevé ». Très populaire dans les pays pauvres, il est surtout utilisé comme méthode contraceptive. Pour limiter le développement de tumeurs, ces progestatifs doivent « toujours être prescrits à la dose minimale efficace ». Par ailleurs, cette prise doit être durant une durée d’utilisation la plus courte possible ». Selon les chercheurs, les dispositifs intra-utérins sont une alternative plus sûre.
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