Outre-Rhin, le taux de l’inflation se rapproche des 5% sur un an, un niveau inédit depuis 30 ans, qui inquiète les Allemands. La presse populaire accuse la politique accommodante de la BCE et cible sa présidente.
Energie, fruits, légumes et autre pâte à papier sans parler des loyers, les prix flambent en Allemagne, comme dans la plupart des pays européens, avec pour résultat une inflation avoisinant 5% en rythme annuel, du jamais-vu depuis près de 30 ans.
Inflation passagère ou durable ?
Sa présidente, Christine Lagarde, est affublée par le quotidien à grand tirage Bild – coutumier des campagnes anti-BCE – du sobriquet de «Madame Inflation», qui «porte des vêtements Chanel» mais «se moque du sort des retraités, salariés et épargnants». Qu’importe si l’intéressée montre de la sympathie pour son pays d’accueil, reconnaissant dans le Spiegel s’être rendue compte elle-même au supermarché de la hausse des prix sur «les yaourts, le pain ou le beurre».
Son prédécesseur italien, Mario Draghi, avait déjà été étrillé par le journal pendant des années, caricaturé en «Draghila», le vampire qui «siphonne nos comptes jusqu’à la dernière goutte».
Les banquiers allemands ne croient plus au scénario optimiste
De grands banquiers allemands ne croient pas non plus à ce scénario optimiste et invitent la BCE à vite réagir. «Il y a de plus en plus d’indications que cette poussée des prix n’est pas de nature temporaire et que nous devrons vivre avec au-delà de cette année», déclare Manfred Knof, patron de Commerzbank.
Son alter ego chez Deutsche Bank, Christian Sewing, demande aux banques centrales, BCE compris, de «trouver un moyen de sortir de leur politique monétaire très accommodante», «le plus tôt étant le mieux».
Déjà les syndicats fourbissent leurs armes en vue des négociations salariales à venir. Les habitants de la première économie européenne restent hantés par les grandes crises inflationnistes des années 1920 et 1970, faisant que «la peur de l’inflation infuse dans leur lait maternel», explique à l’AFP Carsten Brzeski, économiste chez ING.
L’Etat s’endette avec des taux négatifs
Mais c’est «oublier que l’institution a fait en sorte que l’économie continue d’être soutenue, que la zone euro se maintienne et que le marché du travail allemand connaisse un boom» comme jamais vu en 20 ans, ajoute Carsten Brzeski. De même, les salaires ont profité de la bonne conjoncture et l’Etat fédéral peut s’endetter en profitant de taux négatifs.
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