Dans un rapport destiné au marché, Meta a évoqué l’éventualité de fermer Instagram et Facebook en Europe. L’entreprise de Mark Zuckerberg se présente en victime de la régulation européenne, à laquelle elle consacre d’ailleurs la majeure partie de la sous-section sur son modèle économique : « Si un nouveau cadre transatlantique de transfert des données n’est pas adopté , nous serons sûrement dans l’incapacité d’offrir une partie de nos produits et services les plus significatifs, parmi lesquels Facebook et Instagram, en Europe, ce qui affectera matériellement et négativement notre activité commerciale, notre condition financière et nos résultats opérationnels. »

Une menace de partir, en cas de sanction

Plus précisément, le géants du web américain s’inquiète d’une décision que l’Irish Data Protection Commission -le régulateur des données de l’Irlande, où se trouve le siège européen de Meta- devrait rendre dès la première moitié de 2022, et sur laquelle elle travaille depuis 2020. Cette dernière porte sur les Standard Contractual Clauses , un dispositif censé garantir que le transfert transatlantique des données respecte les dispositions du règlement général sur la protection des données, le fameux RGPD. C’est donc en réponse à cette éventuelle sanction que l’entreprise de Mark Zuckerberg suggère qu’elle pourrait débrancher ses réseaux sociaux en Europe, puisque leur fonctionnement serait dans tous cas affecté et qu’ils rapporteraient moins d’argent. Face au tollé qu’a provoqué cette déclaration, le groupe a tenté de calmer le jeu.

« Nous n’avons absolument aucun désir et aucun projet de nous retirer de l’Europe ». Mais il maintient qu’il pourrait y être forcé.

L’Europe, premier marché international de Meta

Le contexte réglementaire mis de côté, ce serait un non-sens économique pour Meta. L’Europe compte 309 millions d’utilisateurs actifs quotidiens de Facebook, soit 16% du total mondial. Concrètement, d’après les chiffres de Meta, un utilisateur européen rapporte en moyenne 19,68 dollars à Facebook, contre 4,89 dollars pour un utilisateur de la région Asie-Pacifique… et 60,57 dollars pour un Américain. Pour ne rien arranger à la crédibilité d’une telle menace, Meta est actuellement dans une phase difficile.

Vendredi dernier, le groupe a perdu 25% de sa valorisation, soit 230 milliards de dollars, lors de la publication de ses résultats financiers, suite à de la baisse du nombre d’utilisateurs de Facebook.

Quelle sortie de crise ?

L’entreprise de Mark Zuckerberg n’a pas beaucoup d’échappatoire face à la situation :

  • Elle peut espérer que son coup de pression soit efficace et que l’IDPC ne mène pas sa menace à exécution, ou alors qu’elle assouplisse les changements demandés
  • Elle peut décider ne plus transférer les données outre Atlantique et de les gérer uniquement en Europe.

Le géant américain se retrouve à un moment clé de son histoire. Son investissement massif dans la métavers ne lui rapportera pas avant des années, et son modèle publicitaire se retrouve menacé sous le poids des régulations, en Europe comme aux Etats-Unis. Reste à savoir s’il s’agit d’une simple mauvaise passe ou du début d’un déclin.