D’après un rapport publié jeudi 16 mai par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), la santé mentale des jeunes filles et jeunes femmes s’est fortement dégradée en France. Une étude menée en collaboration avec Santé publique France,
Tentative de suicide : hausse inédite des hospitalisations chez les jeunes filles et les jeunes femmes
Le rapport publié par la Drees concerne une étude sur les hospitalisations en lien avec une tentative de suicide ou automutilation, regroupées sous le terme geste auto-infligé. Les résultats de cette étude confirment de précédentes études sur la dégradation de la santé mentale des adolescents et des jeunes femmes en France.
Santé mentale : des résultats particulièrement inquiétants
D’après les données analysées, la hausse des tentatives de suicide et d’automutilation chez les jeunes filles et les jeunes femmes a particulièrement été brutale au décours de la crise de Covid en 2021. Entre 2008 et 2013, le taux était en baisse. Une première période de hausse modérée a ensuite été observée entre 2015 et 2019. En revanche, c’est entre 2021 et 2022 que la hausse a le plus bondi. Les taux d’hospitalisation en psychiatrie pour ces motifs ont alors augmenté de 246% chez les filles de 10-14 ans entre les périodes 2010-2019 et 2021-2022. Chez les 15-19 ans, cette hausse est de 163% et de 106% chez les 20-24 ans entre ces mêmes périodes. D’après le rapport, « bien qu’il soit reconnu que les adolescentes et les jeunes femmes sont une des populations les plus à risques concernant les gestes auto-infligés », ces résultats sont particulièrement « inquiétants ».
Une tendance observée dans tous les milieux sociaux
Cette hausse des hospitalisations liées aux gestes auto-infligés est généralisée dans l’ensemble du territoire, en ville comme en zone rurale. Elle touche également tous les milieux sociaux, favorisés comme défavorisés. Toutefois, les habitants des territoires défavorisés et les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire restent « surreprésentés parmi les patients hospitalisés pour geste auto-infligé ». Par ailleurs, les disparités régionales sont importantes. On a 35 hospitalisations pour tentative de suicide sur 100 000 habitants en Guadeloupe contre 260 en Somme. « Plusieurs départements notamment dans les Hauts-de-France, la Bretagne et la Bourgogne Franche-Comté ont des taux bien supérieurs à la moyenne nationale. Cette dernière est de 113 pour 100 000 habitants. A l’inverse des départements d’Outre-Mer et d’Ile de France qui présentent des taux inférieurs », détaille la Drees.
Le cas de filles, un cas exceptionnel
Mais il semblerait que cette hausse inédite des hospitalisations pour geste auto-infligé n’est observée que chez les adolescentes et les jeunes femmes. En effet, chez les personnes âgées entre 30 et 50 ans (hommes et femmes), les hospitalisations pour ce motif ont reculé ces 15 dernières années en France. Quant aux jeunes garçons et jeunes hommes de 10 à 24 ans, on observe une « stabilité sur 16 ans des taux à des niveaux. C’est bien plus en deçà de ceux des jeunes filles ». Selon les auteurs du rapport, « il est possible que la santé mentale des garçons ne soit pas autant dégradée que celle des filles et des femmes du même âge. En effet, les enquêtes épidémiologiques montrent que la hausse des syndromes dépressifs chez les 15-24 ans entre 2014 et 2021 concernait beaucoup plus les femmes que les hommes. »
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