Nommée à la direction du tournoi de Roland-Garros jeudi matin, Amélie Mauresmo, souriante et détendue, n’a pas prévu d’échouer dans sa prochaine mission. Sans hésitation, elle promet d’être « à la hauteur » du défi proposé par le patron de la Fédération Française de Tennis, Gilles Moretton et sa directrice générale, Amélie Oudea-Castera, tous deux assis au côté de l’ancienne numéro une mondiale dans l’auditorium du court Philippe-Chatrier qui sent encore bon le neuf. Il a aussi fallu trouver un terrain d’entente sur la question du lieu de travail, Mauresmo étant attachée à Biarritz, où sont scolarisés ses deux enfants et dont il n’est pas question de partir, même si elle se fera forcément plus présente à Paris « au fur et à mesure que le tournoi approchera ».

Mauresmo éclipse Forget

Pour Gilles Moretton, d’abord, enthousiaste à l’idée de travailler avec une figure « de renommée et de rayonnement à l’international à l’image de ce qu’est Roland-Garros ». « Pour la première fois de l’histoire du tournoi, une femme sera directrice de Roland-Garros et on est fier que ce soit une championne de cette envergure qui incarne ça. » Mercredi, Amélie Mauresmo a réussi, par son aura, son attitude – toujours avec le sourire et jamais agressive sur les questions piège – et la pertinence de ses propos, à reléguer au second plan la dernière flaque d’encre sur la copie mitigée de la nouvelle gouvernance. Même s’il est vrai que Moretton a pris soin de devancer le collège de journalistes en ouvrant sa conférence sur le cas Forget, dont le contrat pharaonesque et problématique ne sera pas renouvelé dans sa version revue à la baisse.

« Je lui ai proposé plusieurs missions à nos côtés avec un investissement plus fort à l’international et la continuité de son rôle dans le Paris Rolex Masters, mais ces discussions n’ont pas abouti et, mardi, il m’a dit qu’il ne donnait pas suite à mes propositions».

Forget, Noah et la « famille tennis »

N’empêche qu’il subsiste, dans ce mélodrame du tennis français, la sensation d’une pièce manquante. D’après la vaste enquête du Consortium international des journalistes d’investigation , Guy Forget a possédé, de 2005 à 2016, une société offshore basée aux Iles Vierges Britanniques. Le comité d’éthique de la FFT l’avait blanchi, début novembre, estimant qu’« en l’absence de fraude fiscale ou d’autres comportements pénalement répréhensibles établis, aucune atteinte aux valeurs d’honnêteté et d’intégrité de la part de M. Forget n’est caractérisée. » Des esprits retors pourraient imaginer que de nouveaux éléments soient parvenus aux mains du comité, au point de « faire virer » le directeur de Roland et Bercy de la famille tennis, pour reprendre les mots de Yannick Noah sur Instagram, provoquant un départ de feu là encore bien vite éteint par Mauresmo.

Gilles Moretton avait été pour le moins maladroit , avant de se reprendre après l’abandon de la joueuse japonaise.

Amélie Mauresmo à la tête de Roland-Garros : au bon moment

La nomination de Mauresmo arrive à point nommé pour donner un nouveau souffle à la nouvelle gouvernance de la fédération, déjà critiquée. Censée faire oublier le mandat discutable de Bernard Giudicelli, le camp Moretton a été bien vite rattrapé par des soupçons guère plus reluisants. Le trésorier historique aurait rejoint Moretton en échange de l’abandon de poursuites du comité d’éthique autour d’une vente suspecte de billets à laquelle celui-ci était mêlé.