Le liquide rouge les attire comme des mouches. Avec un faux sang inoffensif pour l’homme et les autres insectes, des scientifiques basés en Suède espèrent porter un coup mortel aux moustiques et au paludisme.

Une molécule spécifique combinée avec des toxines

La malaria a la particularité vicieuse de non seulement rendre les gens très malades, mais aussi de faire que les moustiques sont davantage attirés par les personnes infectées, facilitant la contagion en répandant le parasite provoquant la maladie. En 2017, Noushin Emami et d’autres chercheurs ont découvert que ce phénomène était lié à une molécule spécifique – l’HMBPP – produite lorsque le parasite en question s’attaque aux globules rouges de la victime. « Si nous ajoutons cette molécule à n’importe quel liquide, nous le rendons très attirant pour les moustiques », explique la scientifique.

Paludisme : alternative aux pesticides

Pour Lech Ignatowicz, qui a cofondé la société « Molecular Attraction » qui développe le produit, la méthode est considérablement plus efficace et moins nuisible que les immenses quantités de pesticides épandues pour neutraliser les moustiques, souvent dangereuses pour l’environnement ou la santé. « Les pesticides tuent tous les types d’insectes avec lesquels ils entrent en contact. Ici, même dans des milieux très denses comme la jungle ou les zones tropicales remplies d’insectes, nous choisissons ceux dont on veut se débarrasser », explique-t-il.

Une méthode applicable pour d’autres maladies ?

Si l’équipe suédoise s’est concentrée sur le paludisme, sa méthode a aussi le potentiel de s’appliquer à d’autres maladies véhiculées par les insectes, comme celle propagée par le virus Zika. Le grand défi va désormais être de transposer la technique à grande échelle, hors laboratoire.

Anders Lindström, un chercheur spécialisé dans les moustiques à l’Institut vétérinaire de Suède et qui est indépendant du projet, se dit « prudemment optimiste ».