Les émeutes qui ont secoué le Kazakhstan cette semaine auraient fait plus de 160 morts, les autorités du plus grand pays d’Asie centrale continuant leur implacable répression, avec près de 6 000 arrestations. On fait le point sur cette info qui domine les actualités Asie.

Émeutes au Kazakhstan : un bilan très lourd

Rien qu’à Almaty, la capitale économique où se sont déroulées les émeutes les plus violentes, 103 personnes ont été tuées sur un total de 164 dans le pays, selon un bilan paru dimanche 9 janvier 2021 sur la chaîne Telegram du gouvernement avant d’être retiré, le ministère de la Santé indiquant à des médias russes et kazakhs que l’information avait été publiée par erreur. Il n’y a toutefois pas eu de démenti officiel de ces chiffres ni de nouveau bilan.

Ce bilan, qui n’a pas pu être vérifié de manière indépendante, est en forte hausse, les autorités ayant jusqu’ici fait état de 26 manifestants et 16 membres des forces de sécurité tués et plus de 2000 personnes blessées. La présidence a annoncé dimanche que 5800 personnes avaient été arrêtées, parmi lesquelles «un nombre substantiel d’étrangers», et 125 enquêtes ouvertes dans le sillage de ces émeutes inédites depuis l’indépendance, en 1989, de ce pays de 19 millions d’habitants riche en hydrocarbures.

Émeutes au Kazakhstan : «tirer pour tuer»

Refusant tout dialogue avec les manifestants, le président Tokaïev avait autorisé vendredi ses forces à «tirer pour tuer».

Timide réouverture

Signe d’un timide retour à la normale, des supermarchés ont rouvert leurs portes dimanche à Almaty, alors que la population s’inquiète de pénuries. De longues files d’attente de véhicules se sont notamment formées ces derniers jours devant les stations-service. Toutefois, à Almaty, des policiers ont plusieurs fois tiré des coups de feu en l’air samedi pour empêcher les habitants d’approcher de la place centrale de la ville.

Almaty portait aussi encore les stigmates des violences, avec des façades d’immeubles noircies par les flammes et des carcasses de voitures brûlées jonchant les rues. Outre la hausse du coût de la vie, la figure de l’ex-président Noursoultan Nazarbaïev, qui a régné d’une main de fer sur le Kazakhstan de 1989 à 2019, a cristallisé la colère des manifestants.

Inquiétude à l’étranger

La situation au Kazakhstan est suivie avec inquiétude à l’étranger. Le pape François a ainsi exprimé dimanche sa «douleur» et appelé au «dialogue» pour retrouver la paix.

Moscou a déployé des troupes dans le pays d’Asie centrale dans le cadre d’un contingent multinational de l’Organisation du traité de sécurité collective , à l’appel de Kassym-Jomart Tokaïev.

Les États-Unis ont estimé qu’il serait «très difficile» pour le Kazakhstan d’obtenir le départ des militaires russes, une critique que Moscou a qualifiée samedi de «grossière».