La pandémie et la pénurie de main-d’oeuvre dopent les bas salaires aux Etats-Unis au point de généraliser, dans les grandes entreprises, les 15 dollars de l’heure, un salaire minimum prôné depuis longtemps par les démocrates. Les économistes tempèrent pour l’heure les risques d’alimenter l’inflation dont les données de juillet seront publiées mercredi. Guide entreprise vous dit tout.
«Pour la première fois depuis la fin des années 90, les employés ayant des bas salaires disposent d’un peu plus d’influence pour exiger des rémunérations plus élevées», explique David Cooper, économiste à l’Institut de politique économique , un centre de réflexion américain. Pour attirer les candidats, de plus en plus d’employeurs mettent la main à la poche avec non seulement des hausses de salaire mais encore l’octroi de bonus et avantages sociaux.
Les pharmacies CVS sont ainsi venues rejoindre la semaine dernière la cohorte de grandes entreprises – Amazon, Target, Chipotle, etc – ayant décidé de franchir le cap des 15 dollars de l’heure. Aux Etats-Unis, le salaire minimum fédéral est de 7,25 dollars, un niveau inchangé depuis 12 ans même si plusieurs Etats imposent un salaire plus élevé. Dès son arrivée, le président Joe Biden avait tenté de légiférer les 15 dollars de l’heure mais l’opposition farouche au Sénat l’avait contraint d’abandonner son projet de campagne. Faute de mieux, il a signé en avril un décret portant le salaire minimum des travailleurs contractuels du gouvernement fédéral à 15 dollars début 2022 contre 10,95 dollars actuellement.
Les entreprises n’ont pas d’autres choix que de payer
La concurrence entre entreprises fait que pour la première fois, le salaire moyen des employés des supermarchés et des restaurants dépasse les 15 dollars de l’heure. Il s’agit certes d’une moyenne, avec une myriade d’employés dont le salaire reste très inférieur. «Les structures de l’économie américaine, qui ont freiné la croissance des salaires dans une grande partie de l’économie américaine pendant des décennies, n’ont pas changé», relève-t-il. «C’est un réajustement ponctuel des salaires les plus faibles qui va conduire à une augmentation de la consommation», abonde Gregory Daco, chef économiste chez Oxford Economics, soulignant que «ce n’est pas excessivement contraignant pour les entreprises qui peuvent reporter les hausses sur le consommateur».
Une étape de réajustement ?
« Ne concluons pas qu’il s’agit d’un changement permanent à long terme », tempère David Cooper de l’Institut de politique économique.
Pour autant, il ne voit pas de spirale inflationniste des salaires. Le salaire horaire moyen a augmenté de 0,4% en juillet comparé à juin et de 4,7% sur un an.
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