Depuis que le Suisse a annoncé dimanche 15 août qu’il allait subir une nouvelle opération au genou droit, l’avenir de l’ancien numéro un mondial du tennis est incertain. « Trois interventions sur un même genou, c’est beaucoup », s’accordent à dire les médecins du sport. Bien que la pathologie initiale de Roger Federer ne soit pas clairement identifiée – le Suisse est resté discret à ce sujet –, les spécialistes peinent à croire qu’il puisse, un jour, régaler le public londonien d’un nouveau tweener, un passing gagnant entre ses jambes.

« Avec Roger Federer, nous sommes tellement admiratifs de sa technique, de sa fluidité, de ses performances, que l’on imagine qu’il fera un « truc » pas comme les autres. Mais si on raisonne scientifiquement, on a du mal à y croire », glisse un médecin qui intervient à la Fédération française de tennis .

L’âge, facteur de risque

Pour le Suisse, qui a fêté ses 40 printemps le 8 août, Guide entreprise en conclut que l’âge est devenu un facteur de risque supplémentaire. S’il n’a pas ausculté Roger Federer, le chirurgien orthopédiste et traumatologue Gilbert Versier voit dans cette nouvelle blessure les effets d’un « genou dégénératif », qui s’est dégradé au fil de « microtraumatismes répétés lors de la pratique » du tennis. « Les lésions méniscales chez les sportifs de très haut niveau, à partir d’un certain âge, sont des signes de dégénérescence », ajoute le médecin. Comme le rappelle le médecin intervenant à la FFT, « le tennis moderne est de plus en plus violent pour les articulations ».

Et les ménisques, amortisseurs du genou et stabilisateurs de l’articulation fémoro-patellaire – entre le fémur et la rotule – sont extrêmement sollicités. Ce dernier ajoute que si Roger Federer a eu recours à cet acte chirurgical – ce dont il est convaincu – il a probablement des lésions cartilagineuses associées.

Un retour sur terre battue ?

Entre les matchs de plus de trois heures, tous les deux jours, pendant la quinzaine d’un tournoi majeur, et le décalage horaire lorsqu’ils changent de continent, la clé du succès réside dans le fait de bien ménager sa monture. A ce jeu-là, Roger Federer s’est distingué en adoptant une approche plus pragmatique et un style de jeu « économique ». Il a développé un jeu aérien, modèle d’esthétisme, là où son rival espagnol Rafael Nadal lâche des coups droits dévastateurs. « Si je regarde jouer Federer, j’écoute de la musique classique, si c’est Nadal, je mets AC/DC », résumait, en avril, Thomas Johansson, vainqueur de l’Open d’Australie en 2002.

Plus de vingt ans après ses débuts sur le court, l’avenir du Suisse se trouve désormais entre les mains des chirurgiens. Roger Federer disputera-t-il un 23e tournoi dans son jardin londonien ? « Bien évidemment que j’aimerais le disputer de nouveau, mais à mon âge, vous n’êtes jamais vraiment certain de ce qui vous attend », déclarait-il le 7 juillet, après sa défaite en quarts de finale, contre le Polonais Hubert Hurkacz.