Le groupe automobile français a annoncé sa bascule au 100% électrique en Europe en 2030. Cette annonce réajuste le plan divulgué en juillet dernier, dans un contexte de très forte accélération de l’électrification du marché européen, tandis que Bruxelles veut en finir avec les voitures thermiques, hybrides compris. Analyse.
Un plan d’électrification changé du tout au tout
Les vérités sont successives… Jamais cette expression n’avait pris autant de sens que chez l’entreprise française Renault. Le groupe automobile français a revu son plan d’électrification présenté en juillet dernier et vise désormais 100% de ses ventes en voitures électriques en 2030 en Europe.
«Les tiroirs étaient un peu vides»
Pour le directeur général de Renault, cette annonce témoigne d’une très forte accélération des projets de développement en cours. «Cette année, on a approuvé un projet par mois. On a fait en un an chez Renault ce qu’on aurait fait en quatre ans auparavant. Les tiroirs étaient un peu vides», a-t-il expliqué dans des propos rapportés par l’AFP.
Cet avenant au plan d’électrification doit résoudre plusieurs sujets. D’abord, les marchés s’étaient montrés mitigés après la feuille de route de juillet dernier.
Bruxelles ne veut plus de voitures thermiques, hybrides compris
L’autre point est le changement de pied de Bruxelles sur l’hybride. Luca de Meo a tenté à plusieurs reprises de défendre cette technologie auprès des autorités et des médias. Renault est effectivement en train de déployer E-Tech, une technologie hybride innovante et sur laquelle il a beaucoup misé. Sauf que Bruxelles a annoncé en juillet dernier sa volonté d’interdire à compter de 2035 tous les moteurs thermiques, hybrides compris. En outre, les marques concurrentes sont de plus en plus nombreuses à programmer leur bascule dans le 100% électrique .
Nouvelle Mégane, un test pour Luca de Meo
La nouvelle Mégane dont le lancement est désormais imminent doit repositionner Renault sur l’électromobilité avec un produit compétitif. Luca de Meo a passé beaucoup de temps à retravailler ce modèle dont le développement était déjà pas mal avancé lorsqu’il a pris les rênes du groupe en juillet 2020. L’ancien patron de Seat voulait que cette compacte soit davantage tournée vers le client: palettes de couleurs, ambiance intérieure… Les équipes de développement se sont mobilisées pour réajuster le cahier des charges. Car la réussite de son lancement sera un test pour Luca de Meo qui y a mis beaucoup d’enjeux. Renault doit absolument revenir sur le segment C qui est trois fois plus profitable, selon lui, que le segment B où la marque au losange n’a jamais perdu son leadership avec sa Clio et son Captur.
Un parc roulant de 400 000 voitures électriques
Luca de Meo estime que Renault dispose d’avantages concurrentiels majeurs en matière d’électromobilité: des brevets, des investissements déjà amortis, des retours d’expérience sur un parc roulant de 400.000 voitures ayant déjà parcourus 10 milliards de kilomètres, et une expertise dans les batteries dont il espère diviser le coût unitaire par deux dans les dix prochaines années.
Toutefois, Renault devra nécessairement s’appuyer sur son allié Nissan s’il veut gagner en compétitivité, notamment pour amortir les investissements sur les deux plateformes de voitures électriques CMF-BEV et CMF-EV.
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