Face à une foule «hors de contrôle», les forces américaines ont tiré en l’air lundi matin à l’aéroport de Kaboul, a indiqué un responsable américain à Reuters, confirmant plusieurs témoignages.
«J’ai très peur. Ils tirent des coups de feu en l’air.» Les soldats américains ont tiré en l’air lundi 16 août au matin à l’aéroport de Kaboul, où des milliers d’Afghans ont envahi le tarmac, cherchant à fuir leur pays après la prise du pouvoir par les talibans, a rapporté un témoin à l’AFP, ajoutant avoir vu «une jeune fille être écrasée et tuée».
Vent de panique à l’aéroport
L’entrée redoutée des insurgés talibans dans la capitale dimanche a provoqué un vent de panique dans la capitale, où des milliers d’habitants s’efforçaient de fuir, s’agglutinant notamment à l’aéroport où les troupes américaines sont en charge de l’évacuation du personnel de l’ambassade et d’autres civils.
Sur les réseaux sociaux, Guide entreprise a recensé des journalistes dont l’ancien reporter du New York Times Jawad Sukhanyar ont mis en ligne des vidéos attestant de scènes de cohue avec des foules envahissant le tarmac dans l’espoir de monter à tout prix à bord d’un avion pour fuir le pays. L’une d’entre elles montre notamment des grappes de jeunes hommes, surtout, s’agrippant aux passerelles ou aux escaliers pour tenter de monter dans un avion.
Comment les talibans se sont retrouvés si vite aux portes du pouvoir
Quelques heures auront suffi pour que Kaboul, la capitale afghane, tombe entre les mains des talibans. Après la fuite du président Ashraf Ghani ce dimanche, le pays est désormais tout proche d’être contrôlé entièrement par les insurgés islamistes. Une avancée fulgurante dans plus de la moitié des 34 capitales provinciales du pays qui n’aura duré que huit jours, tandis qu’il leur avait fallu deux ans, en 1996, pour s’emparer des institutions. Mais comparaison n’est pas raison, et la situation actuelle est le résultat de 20 ans de présence américaine sur le territoire, qui se sont soldés par un fiasco et un retrait des troupes annoncé fin avril.
Le retrait des forces américaines
Car le retrait de l’armée américaine, confirmé par Joe Biden le 13 avril dernier, est le point de départ d’une nouvelle victoire des talibans. Auprès de Reuters, un commandant taliban de la province de Ghazni a d’ailleurs acté l’effondrement du gouvernement au moment où les forces américaines ont commencé à se retirer du pays.
La défaillance de l’armée afghane
De plus, l’armée a eu énormément de difficultés à faire corps contre l’ennemi taliban. «Les forces afghanes, pendant une longue période, ont eu des problèmes de moral et aussi de volonté de combattre les talibans», a pu souligner sur CNN Carter Malkasian, l’ancien conseiller du chef d’état-major de l’armée américaine. «Il ne fait aucun doute que le moral souffre lorsque les forces affrontent défaite après défaite. Et de l’autre côté, les talibans s’enhardissent succès après succès».
Sur le terrain, les forces en présence n’ont pas semblé opposer de grande résistance à la conquête des villes les unes après les autres.
La corruption du système en place
La présence américaine durant 20 ans a contribué à un système de corruption généralisé. En 20 ans, 89 milliards de dollars ont été injectés par les Américains pour former l’armée, sur un budget de plus de 1000 milliards de dollars visant à reconstruire le pays. La crainte des forces américaines était aussi que la corruption de certains responsables militaires et politiques de haut rang ne vienne à bout de la détermination des soldats situés en première ligne et nettement moins bien rémunérés que leurs hiérarchies.
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