Un enjeu de taille pour les acteurs du textile puisque l’habillement est «la première dépense qu’on sacrifie, il s’agit d’un secteur qui pâtit des chocs macroéconomiques», selon Franck Delpal, économiste et professeur à l’Institut français de la mode. Voici les lignes de force des années à venir.

Le costume revient, mais en plus cool

S’il est un vêtement qui est resté sagement dans la penderie, c’est bien le costume. Va-t-il faire son grand retour, une fois la crise sanitaire passée? Oui, mais différemment, selon Vincent Grégoire, chasseur de tendances du bureau de style NellyRodi: «Même s’il faut garder à l’esprit la dimension statutaire du costume, la mode masculine mise davantage sur le confort, avec des coupes et des matières qui s’inspirent davantage du sportswear que du “tailoring” classique.»

La chaussure se débride aussi

La tendance confort des chaussures d’intérieur adoptées pendant le confinement va perdurer. Tout comme le costume, la chaussure de ville va s’hybrider, soit pour gagner en style comme cette myriade de marques qui misent sur la sneaker chic, à l’image du français National Standard, soit pour gagner en technicité. Jusqu’alors un peu datées, des griffes comme Geox peuvent revenir sur le devant de la scène, grâce à un système de semelle qui respire décliné sur tous les styles de chaussures.

Le legging, pour faire du sport mais pas que

Si le sport en visio a fait des adeptes, la tendance «athleisure» concerne aussi ceux qui préfèrent rester sur le canapé. Les leggings de sport offrent «une technicité et une légèreté qui permettent en même temps de se désencombrer du tissu, par rapport à un jean», selon Elisabeth Prat, directrice des tendances mode de Peclers Paris.

Le vêtement de travail, c’est chic

Guide entreprise se doit de revenir également sur l’uniforme de travail. Non pas celui des cols blancs mais des cols bleus, avec en figures de proue la salopette et la veste de travail en coton ou en lin dotée de poches plaquées. Deux vêtements unisexes et porteurs du «souvenir d’un monde du travail classique qui est peut-être en train de disparaître», selon Vincent Grégoire.

Le floutage des genres pour coller à l’époque

Le débat autour de la notion de genres agite aussi la mode. Selon Elisabeth Prat de Peclers Paris, «l’unisexe est une tendance globale, avec une mode masculine qui tend vers le féminin, au niveau des proportions, avec un tee-shirt plus court et une taille plus serrée, par exemple», ou bien des vêtements qui peuvent être portés indifféremment par les deux sexes.

Le retour gagnant des années 1990

Côté coupe, on sort petit à petit du «slim», silhouette incontournable des années 2000, pour aller vers des vêtements plus amples, avec chez les femmes la tendance du jean «mom fit» et chez les hommes, le retour de la coupe carotte.

Grâce au numérique place à la cocréation

La cocréation permet aux marques qui disposent d’une forte communauté de la solliciter tout au long de la conception d’un vêtement, de manière à donner l’effet «c’est moi qui l’ai fait». A l’image de Nike qui propose de réaliser une basket à son image et du Slip Français qui permet de broder un message personnalisé sur des dessous, ces services répondent aux «consommacteurs» désireux de porter des vêtements qui reflètent leur identité et qui rejettent les silhouettes uniformisées de la fast fashion.

L’univers du jeu vidéo, nouveau terrain de jeu

Improbable et inédite, la collection Louis Vuitton League of Legends sortie en 2019 en dit long sur le poids de l’univers du jeu vidéo, dont l’essor n’a pas été freiné par la crise sanitaire, bien au contraire. Pour les marques, il s’agit de toucher différemment les consommateurs, notamment la jeune génération, et l’on pourrait imaginer par la suite des tenues inspirées des univers déjantés de «Fortnite» ou de «Clash Royale», «pour une mode plus libératoire et festive», selon Vincent Grégoire.