« Quand il y a des grands événements, c’est compliqué de viser le zéro déchet», explique Antoine Miche, dont l’association apporte son expertise pour développer l’offre de transports en commun afin de se rendre au stade et tendre vers une réduction des déchets produits. « On propose des expertises, des créations d’événements, des outils pour répondre aux problématiques du terrain. » .

L’éco-supportérisme comme moyen d’action

Exemple d’actions concrètes, samedi 23 octobre, Football Écologie France a organisé aux côtés des Girondins de Bordeaux et de l’association The SeaCleaners une marche urbaine de nettoyage. « Il est possible de changer sa façon de pratiquer le sport . L’autre levier, c’est le soutien de son club en matière d’écologie. Des clubs comme Bordeaux ou l’OL peuvent faire toutes les actions qu’ils veulent, si les supporters ne suivent pas, ils n’iront pas loin», affirme Antoine Miche, dont l’association avait publié un livre blanc à l’occasion de l’Euro-2021 sur les bons comportements à adopter.

«Les supporters sont des citoyens. S’ils sont sensibilisés à la question, cela met de la pression sur les clubs pour qu’ils s’emparent du sujet».

Les grands événements, la source de tous les maux

Souvent, les promesses de plantations d’arbres fleurissent. Le sport UEFA a ainsi promis de planter 50 000 arbres pour compenser son dernier Euro disputé dans douze pays. «On va calculer son empreinte , puis on va acheter des crédits pour replanter des arbres», résume Mathieu Djaballah. «Compenser le carbone, c’est un geste symbolique intéressant, mais qui ne devrait arriver qu’en dernier recours, quand on a déjà fait le maximum pour réduire les émissions», note Antoine Miche.

«C’est un sujet décrié de planter des arbres après une compétition, car on a l’impression que les instances n’ont pas tenté de réduire leur impact».

Schizophrénie du football

« L’écologie est désormais quelque chose de réclamée par l’opinion publique. Cela force les clubs et les instances à s’emparer du sujet. Beaucoup de progrès ont été faits, notamment dans l’aménagement des stades, les offres de transports», note Mathieu Djaballah. « On préfère voir l’écologie comme un geste du quotidien plutôt que comme un problème macro.

Dans le cas des grands événements, le but premier reste toujours d’attirer des spectateurs du monde entier. » «Il y a une forme d’incohérence et d’asymétrie», ajoute Antoine Miche. «Les instances sont en train de prendre conscience des enjeux mais, dans le même temps, cette prise de conscience n’a pas encore gagné l’ensemble des personnes prenant part au processus de décision. On peut supposer que la personne qui a effectivement pris cette décision est loin d’être sensible à la question écologique, alors même que d’autres au sein de la LFP connaissent parfaitement le sujet».

«Il faut se rappeler que la Coupe du monde 2022 a été attribuée au Qatar en 2010, une époque déjà lointaine en matière de conscience écologique. Quand le Qatar a été choisi, ces enjeux n’étaient pas intégrés. Il faut désormais que les cahiers des charges soient très exigeants avec les pays-hôte et imposent une politique d’achats responsables et cohérentes au niveau écologique. La France a su faire ça pour l’Euro-2016 et le Mondial féminin.

Il faut que le Qatar soit le dernier de ces événements où des stades sont construits ex nihilo dans des endroits reculés», veut croire Antoine Miche, optimiste.