Finalement, Bertelsmann a annoncé lundi dans un communiqué qu’il conserverait sa part majoritaire de 48,3% dans le Groupe M6, malgré plusieurs offres « financièrement attractives ».

Les raisons de l’échec de la vente de M6

Après l’échec de la fusion entre TF1 et M6 en septembre, Bertelsmann a décidé de garder sa participation de contrôle.

Un timing très serré

Malgré des offres jugées « attractives », le groupe se heurte surtout à un calendrier très serré. En effet, l’autorisation d’émettre de M6 doit être renouvelée en mai 2023. Or, en cas de changement de contrôle, le nouveau propriétaire doit avoir les accords de l’Arcom. Ce dernier ne peut elle-même émettre sa décision d’agrément qu’après une décision de l’Autorité de la Concurrence. Pourtant, celle-ci aurait également pris du temps avant d’obtenir le renouvellement. De plus, il est impossible qu’un repreneur fasse un chèque de l’ordre de plus d’un milliard d’euros sans avoir la certitude que la fréquence de M6 serait bien reconduite.

Compte tenu de ces incertitudes en plus d’une contrainte de temps, Bertelsmann a préféré annuler la vente de son entreprise M6. D’ailleurs, le président de l’Arcom avait estimé que le calendrier était « extrêmement serré » et que « le compte à rebours rend les choses extrêmement contraignantes ».

La consolidation du marché de l’audiovisuel inévitable selon Bertelsmann

Malgré la décision de garder M6, Bertelsmann campe toujours sur la stratégie globale de son groupe. « RTL Group reste convaincu que la consolidation du marché est nécessaire pour concurrencer les plateformes technologiques mondiales – et que la consolidation du marché se produire tôt ou tard sur les marchés européens de télévision» a-t-il déclaré dans un communiqué.

Pourtant, trois offres étaient en lice pour reprendre le groupe. A savoir, Xavier Niel, actionnaire à titre individuel du « Monde » et propriétaire du groupe Telecoms Iliad qui s’est allié le groupe Media For de la famille Berlusconi. Il est en concurrence avec Stéphane Courbit, derrière le géant de la production Banijay qu’il vient d’introduire en Bourse, Rodolphe Saadé, le tout nouveau propriétaire de « La Provence » et président de CMA CGM, et Marc Ladreit de Lacharrière, propriétaire de Fimalac. Enfin, une troisième offre provenait du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky.   

L’échec de la fusion avec TF1

Pour rappel, en mai dernier, la nouvelle sur la fusion de TF1 et M6 avait fait sensation. Fusion qui concurrencerait les plateformes américaines mais qui est ensuite tombée à l’eau. C’est dans un communiqué commun que les deux groupes « déplorent que l’Autorité de la Concurrence n’ait pas pris en compte l’ampleur et la vitesse de mutation du secteur de l’audiovisuel français. Elles restent convaincues que la fusion des groupes TF1 et M6 aurait été une réponse appropriée au défis découlant de la concurrence accélérée avec les plateformes internationales ».

En effet, l’Autorité de la Concurrence était opposée à cette fusion qui « aurait pu engendrer des risques concurrentiels majeurs ». En effet, les deux groupes détiendraient dans ce cas le quasi-monopole sur la publicité télévisée, avec 75% du marché. « La puissance de marché des groupes TF1 et M6 réunis fait naître un fort risque de hausse des prix des espaces de publicité vendus par les deux groupes au détriment des annonceurs et des consommateurs », a expliqué Benoît Coeuré, président de l’Autorité de la concurrence.