Non seulement la cigarette coupe le souffle, mais elle rend aussi l’activité physique dangereuse. Entraînement et performance ont tout à gagner au sevrage tabagique. Fumer pendant, avant ou après l’effort est même dangereux. «Trop peu de cardiologues s’intéressent activement aux fumeurs. C’est aussi le cas en pneumologie, en oncologie ou en diabétologie, spécialités pourtant concernées au premier chef par le tabac», déplore le Pr Daniel Thomas, cardiologue et porte-parole de la Société francophone de tabacologie . Les détails avec Guide entreprise.

Le monoxyde de carbone remplace l’oxygène

Pour le Pr Thomas, il faudrait la mettre à la première place. L’explication se trouve dans les quelque 4000 substances nocives qui composent la fumée de cigarette, à commencer par le monoxyde de carbone . Issu de la combustion du tabac, ce dernier se lie 200 fois plus à l’hémoglobine que l’oxygène dont il prend la place dans le sang. Les muscles et le cœur subissent une asphyxie proportionnelle à ce déficit en oxygène.

Les activités d’endurance basées sur la consommation d’oxygène sont les plus affectées. Le manque d’oxygène disponible impose au cœur d’augmenter sa fréquence pour assurer le même apport sanguin. « Ils ne prennent la mesure de ce handicap qu’une fois sevrés, lorsqu’ils voient leurs performances augmenter», note Daniel Thomas.

La nicotine augmente la pression artérielle

«Chaque cigarette provoque une diminution du calibre des artères, une accélération de la fréquence cardiaque et une augmentation de la pression artérielle», explique le Pr Thomas. Cet effet s’ajoute aux influences adrénergiques naturelles de l’effort , ce qui abaisse les résultats sportifs. Le risque est l’infarctus du myocarde par spasme artériel sur des rétrécissements des artères du cœur . Ceux-ci sont plus fréquents chez les plus de 50 ans, et dus à l’athérome par excès de cholestérol et inflammation liée aux particules fines de la fumée de tabac.

La fumée de tabac contient également de très nombreux radicaux libres qui agressent les parois artérielles. Le risque cardiaque monte alors en flèche lors d’une énième cigarette «anodine», telle celle qu’on fume après un match de foot avec les copains.

Connaître son taux d’intoxication

«Cette situation de pré-diabète augmente le risque de diabète ultérieur de 30 %», prévient Daniel Thomas. Avec des poumons sains, sans pollution atmosphérique, son accumulation chez un non-fumeur ne dépasse pas 5 PPM. Chez un fumeur régulier, elle atteint souvent 20-25 PPM.

Le sevrage bénéfique

Pour la Société européenne de cardiologie, les fumeurs de moins de 50 ans ont un risque cardio-vasculaire cinq fois supérieur à celui des non-fumeurs . «La cigarette électronique pourrait être autant ou plus efficace que les substituts nicotiniques, selon les données actuelles. Mais on ne sait rien des effets néfastes à long terme des produits inhalés », indique le Pr Thomas. Selon le cardiologue, la cigarette électronique peut, pour certains fumeurs, être intéressante mais seulement le temps du sevrage.