Les insurgés ont prévenu les Occidentaux qu’ils s’opposaient au départ d’Afghans diplômés aux côtés d’étrangers, à bord des vols d’évacuation au départ de l’aéroport de Kaboul. «Ce pays a besoin de son expertise», a défendu l’un de leurs porte-paroles.

L’évacuation d’Afghanistan des étrangers par les Occidentaux, oui, mais permettre également aux Afghans les plus qualifiés de quitter le pays, il n’en sera plus question, a prévenu mardi 24 août le nouveau régime taliban, refusant par ailleurs à nouveau tout prolongement du délai consacré à ces opérations, qui doit prendre fin au 31 août. Des «experts afghans», tels que des ingénieurs, sont exfiltrés du pays par les Américains et leurs alliés, et «nous leur demandons d’arrêter cela», a déclaré un de leurs porte-paroles, Zabihullah Mujahid, lors d’une conférence de presse à Kaboul.

«Ce pays a besoin de son expertise», a-t-il justifié, estimant que ces Afghans qualifiés «ne devraient pas être emmenés vers d’autres pays». Les Occidentaux «ont des avions, ils ont l’aéroport, ils devraient emmener leurs ressortissants hors d’ici», a ajouté Zabihullah Mujahid : «Ils ne devraient pas encourager les Afghans à fuir l’Afghanistan», a-t-il déclaré.

Selon les chiffres de Guide entreprise, Depuis la chute de Kaboul aux mains des insurgés le 15 août dernier et la prise de pouvoir des islamistes, des dizaines de milliers d’Afghans ont été évacués aux côtés d’étrangers, craignant que les talibans n’imposent le même type de régime fondamentaliste et brutal que lors de leur passage éclair à la tête de l’État entre 1996 et 2001.

Le retrait au 31 août, «ligne rouge» à ne pas franchir

Par ailleurs, le porte-parole des insurgés a rappelé son opposition «ferme» à la poursuite des évacuations après le 31 août, date butoir d’un retrait définitif des forces américaines et étrangères d’Afghanistan, décidée par Joe Biden. Les talibans avaient déjà indiqué lundi que cette échéance constituait une «ligne rouge» et ne devait pas être retardée.

Le président américain, de son côté, a affirmé s’en tenir également à ce calendrier mardi 24 août. Joe Biden a confirmé la date butoir du 31 août pour terminer la «mission» de l’armée américaine en Afghanistan, à condition que le nouveau régime afghan n’entrave pas l’évacuation de ceux qui veulent fuir Kaboul.

Lors d’un sommet virtuel avec ses homologues du G7, le président des États-Unis opposé une fin de non-recevoir aux alliés de Washington, comme le Royaume-Uni et la France, qui plaidaient avec insistance pour une prolongation de la présence militaire américaine, afin de laisser plus de temps aux exfiltrations d’Afghans jugés à risque dans leur propre pays.

Réfugiés afghans : quels contrôles de sécurité avant leur arrivée en France ?

Depuis le début des évacuations il y a une semaine, la France aura rapatrié 2000 Afghans de Kaboul ce mardi 24 août, où les talibans ont repris le pouvoir et règnent en maîtres. Un «devoir moral» pour le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, en visite lundi sur la base française d’Abou Dhabi, où les réfugiés transitent avant de fouler le sol français.

Depuis le début des évacuations françaises, 16 rotations aériennes ont été effectuées depuis la prise du pouvoir des talibans. Pour rappel, les Afghans rapatriés sont des personnes ayant aidé les occidentaux au cours des vingt dernières années, menacés de mort depuis le retour des talibans. «Je me sens très bien aujourd’hui et je suis très reconnaissant aux Français d’avoir réussi à me sauver la vie», confie ainsi Mohammed, l’un des réfugiés, enseignant à l’université de Kaboul.

Pour identifier ces personnes, l’ambassade de France à Kaboul a dressé une liste, mise à la disposition des autorités. En plus de cette liste, les agents du renseignement peuvent également ajouter les noms de certaines personnes, qui les ont aidés en Afghanistan.

Fouilles, palpations, interrogatoires…

Après un contrôle sommaire à Kaboul, les réfugiés sont soumis à des contrôles plus poussés à Abou Dhabi, notamment physiques : palpations, fouilles des bagages, etc. Les renseignements procèdent également à des entretiens individuels, pour comprendre le parcours, les relations de chacun, à l’abri du tumulte kaboulien.