Une majorité des juges de la Cour suprême des Etats-Unis ont semblé, mercredi 1er décembre, enclins à modifier le cadre légal qui, depuis près de cinquante ans, garantit le droit à l’avortement, soit en le restreignant, soit en l’annulant purement et simplement. Bien que mesuré, le texte enfreint le cadre – auquel les Etats ne peuvent déroger – fixé par la Cour suprême, qui estime, depuis son arrêt Roe v. La loi du Mississippi a donc été bloquée par les tribunaux avant d’entrer en vigueur, mais les autorités de cet Etat rural et religieux ont demandé à la Cour suprême d’intervenir. On revient sur les détails de cette affaire qui agite les actualités Etats-Unis.

Rendre « la décision au peuple »

Lors de l’audience, certains magistrats conservateurs ont semblé vouloir corriger uniquement le seuil fixé pour avorter, sans remettre en cause le droit en lui-même. « Elles n’ont pas de fondement dans la Constitution » et ont « maintenu la Cour pendant cinquante ans au cœur d’une bataille politique », a plaidé son représentant, Scott Stewart. Mettre un terme à la décision Roe v. Wade permettra à chaque Etat de décider d’autoriser ou non les avortements et de rendre « la décision au peuple », a-t-il ajouté.

« La Cour a été obligée de choisir un camp dans l’un des débats de société les plus clivants en Amérique », a relevé le juge Brett Kavanaugh. Mais ne devrait-elle pas « être scrupuleusement neutre » et laisser cette décision aux élus, a-t-il interrogé.

Joe Biden continue de « soutenir » la jurisprudence

Changer de position à cause « de pressions sociales ou politiques » ou après l’arrivée « de nouveaux membres » pourrait porter atteinte à la « légitimité » de la Cour suprême, a notamment relevé le juge Stephen Breyer, en référence à l’arrivée de trois magistrats nommés par Donald Trump et choisis pour leur opposition à l’avortement. « Si les gens pensent que tout est politique, comment la Cour pourrait-elle survivre ? », a renchéri sa consœur Sonia Sotomayor, alors que la gauche américaine pousse déjà pour réformer l’influente institution. Preuve de l’immense politisation des débats, des centaines d’élus ont écrit à la Cour suprême – les républicains pour appuyer la position du Mississippi, les démocrates pour défendre Roe v.

Décision avant la fin de juin 2022

Sous les slogans « L’avortement est essentiel » ou « L’avortement relève de la santé », les défenseurs du droit des femmes à interrompre leur grossesse manifestaient un niveau d’inquiétude inédit. Brandissant des pancartes « Avorter, c’est tuer », les opposants à ce droit à l’avortement affichaient au contraire l’espoir d’obtenir raison après cinquante ans d’une lutte acharnée. La Cour suprême doit rendre sa décision avant la fin de juin 2022.