Joe Biden avait promis «l’unité» aux États-Unis après le «chaos» semé par Donald Trump. Le chemin est encore très long, mais les élections de mi-mandat très proches.

Joe Biden, une présidence décevante ?

«Il y a beaucoup à réparer, à restaurer, à soigner, à construire et à gagner». Le jour de son investiture, le 20 janvier 2021, Joe Biden voulait montrer à l’Amérique un président aux antipodes de Donald Trump.

Sans jamais le citer, le démocrate avait condamné le «chaos» qui régnait sur le pays et répété qu’il ferait tout pour rassembler les citoyens. Même si «parler d’unité peut ressembler à un fantasme naïf ces jours-ci», il avait alors assuré vouloir être le «président de tous les Américains» et que dans ce moment historique de crise, «l’unité est notre façon d’aller de l’avant».

Covid-19, encore et encore

Joe Biden avait pourtant bien débuté son mandat et cela se sentait à travers les  actualités Etats-Unis. Les partenaires internationaux étaient soulagés de retrouver un président ouvert au dialogue, un plan de relance avait rapidement été adopté, le chômage avait dans la foulée baissé et la vaccination contre le Covid-19 avait commencé en trombe.

Mais cet enthousiasme pour le vaccin n’a pas duré. Début mai, la montée en flèche du nombre d’Américains protégés par au moins une dose de vaccin se tasse d’un coup et stagne aux alentours des 50%. Deux mois plus tard, alors que seulement 5% d’adultes supplémentaires ont reçu leur piqûre, Biden déclare «l’indépendance» face au Covid.

Trop tôt. La vaccination piétine et le variant Delta commence à se propager sérieusement. Puis arrive le variant Omicron en novembre. Ce dernier représente plus de 75% des contaminations à peine un mois plus tard.

Mesures phares contrecarrées

Dans ce contexte de pandémie qui semble ne jamais en finir malgré les promesses d’une conclusion proche, les Américains sont lassés et doivent en prime gérer depuis l’automne une inflation galopante que la Maison Blanche a mis du temps à reconnaître. Pas de quoi aider Joe Biden qui avait vanté à la classe moyenne de la stabilité face à la mondialisation.

Il a pourtant réussi à faire passer des projets de loi massifs en sens avec 1900 milliards de dollars en début de mandat pour relancer une économie plombée par le Covid, puis 1200 milliards de dépenses dans les infrastructures à la peine. Et le taux de chômage a continué de baisser pour atteindre fin 2021 des niveaux historiquement bas.

Mais ce sont ses échecs qui font la Une des informations. Comme cette vaste réforme censée protéger l’accès au vote des électeurs afro-américains que restreignent des lois de certains États républicains du Sud. Encore coincée. Ces mêmes États qui, avec l’appui de la Cour suprême très conservatrice grâce aux juges choisis par Donald Trump, défient aussi la Maison Blanche sur le droit à l’avortement.

Joe Biden : popularité en chute libre

Ces échecs irritent tout le monde. La frange la plus à gauche de son parti qui fulmine de le voir négocier et réduire ses ambitions pour se plier aux demandes des centristes, comme ces mêmes centristes qui jugent ses projets trop interventionnistes.

Sans parler des républicains, toujours sous l’influence de Donald Trump, qui refusent en bloc les propositions de Joe Biden et qui vocifèrent encore dans leur majorité que l’élection présidentielle de 2020 ne s’est pas déroulée dans les règles.

Et ce n’est pas la situation internationale qui permet vraiment au président de sortir la tête de l’eau. S’il est indéniable que «l’Amérique est de retour», comme il le répète souvent, grâce à la reprise des discussions à la table des grandes sur le climat, sur le commerce ou sur le programme nucléaire iranien, certains volets ont entaché ces réussites.

À l’image de la gestion du retrait chaotique d’Afghanistan et de l’effondrement du gouvernement que Washington soutenait à coups de milliards depuis vingt ans. Depuis, les talibans sont devenus les nouveaux maîtres de Kaboul.