L’inoubliable interprète du personnage de «John Abbott» dans la série «Les Feux de l’amour», Jerry Douglas, est décédé mardi 9 novembre, à l’âge de 88 ans. Les détails avec la rédaction People de Guide entreprise.

«Veuillez vous joindre à nous pour adresser nos sincères condoléances à la famille de Jerry Douglas… Il manquera énormément à celle des Feux de l’amour», a partagé la production sur ses réseaux sociaux, ce jeudi.

Le comédien est mort «des suites d’une brève maladie», comme l’a informé la chaîne CBS sur laquelle est diffusée la série depuis 1973.

Après deux premiers comédiens à avoir tenu le rôle du chef de l’entreprise «Jabot Cosmetics», Brett Halsey avait passé le témoin à Jerry Douglas en 1982, qui avait alors repris le personnage de John Abbott de manière régulière durant vingt-cinq ans.

Passion pour le jazz

Papa de Jod et Avra, issus de son premier mariage, il a eu un troisième enfant nommé Hunter avec sa seconde épouse, Kymberly Bankier qui partageait sa vie depuis ces trente-sept dernières années.

En plus de la télévision, Jerry Douglas a également goûté au cinéma à travers quelques petits rôles, mais aussi en tant que producteur et scénariste.

Story : les feux éternels de l’amour

Depuis quarante-quatre ans, « Les feux de l’amour » retrace les histoires invraisemblables de deux familles américaines. Ce soap est surtout un succès considérable, connu de tous, même sans en avoir avoir jamais vu un épisode.

Ravi Shapur est ému. Dans ce bar cossu de Genoa City, le jeune homme a enfin l’occasion d’un tête-à-tête avec Ashley. Parviendra-t-il à contenir la flamme de ses sentiments pour cette blonde lumineuse dont la robe de satin noir met en valeur les épaules sculptées par le Pilates ? Et elle, Ashley Abbott, restera-t-elle de marbre face à l’adoration silencieuse d’un simple informaticien, employé modèle de son empire de cosmétiques ? Après sept mariages chaotiques, vers quels rivages inconnus la mèneront, cette fois, les élans de son cœur ? « Coupez ! » C’était parfait.

Ce jour de juin, dans le studio n° 41 de CBS, un des principaux réseaux américains de télévision, au cœur de Los Angeles, une seule prise a suffi pour mettre en boîte cette scène des Feux de l’amour. Le contraire eut constitué une faute professionnelle : personne ici n’a le temps pour l’à-peu-près, les dialogues bafouillés ou les états d’âmes artistiques.

Une série regardée par Françoise Sagan

« Le soap-opéra est un genre en soi et devrait être jugé comme tel, explique Robert Thompson, qui enseigne la culture télévisuelle à l’Université de Syracuse, dans l’Etat de New York. Ce qui le rend unique, c’est qu’il ignore toute notion d’ellipse. L’intrigue et les dialogues s’y déroulent en temps réel, qui est celui de la vie. » Françoise Sagan elle-même, qui en connaissait un rayon en matière d’efficacité narrative, se régalait – selon Marie-Eve Lacasse – de ces Rougon-Macquart à la sauce Middle West.

Les personnages évoluent, au quotidien

Mais le cas de Lauralee Bell est particulier : son père, William Bell, légendaire créateur de la série, mort en 2005, n’est sans doute pas allé chercher bien loin lorsqu’il lui a écrit ce rôle sur mesure. Héritage qui alimente les soupçons de favoritisme depuis ses débuts devant la caméra, à 13 ans. C’est injuste, car si faire partie du casting d’une série de ce genre représente une rente de situation, c’est aussi l’assurance d’être marqué pour le reste de sa carrière du sceau « d’acteur de soaps ». « Les personnages évoluent, au quotidien, sur une si longue période qu’ils finissent par nous échapper. Ils ont leur vie propre, ce qui est assez étrange », reconnaît Mal Young, actuel producteur exécutif des Feux de l’amour. Arrivé aux commandes de la série l’an dernier, ce Britannique originaire de Liverpool dirigeait auparavant les soap-opéras de la BBC. Le transfert aurait pu s’avérer périlleux : Hollywood, ces temps-ci, met de la « diversité » à toutes les sauces.

C’est un monde nouveau

Les feux de l’amour, eux aussi, ont connu des jours meilleurs. Leader incontesté, la saga n’en règne pas moins sur un genre en péril : en dix ans, le nombre de soap-opéras diffusés sur les chaînes américaines a chuté d’une douzaine à seulement quatre. C’est désormais la téléréalité qui a la cote, d’autant qu’elle coûte moins cher à produire. Les Kardashian de Calabasas, quartier pour nouveaux riches des environs de Los Angeles, ont ainsi damé le pion aux Abbott et Newman de Genoa City.