Quatorze ans après l’explosion de la bulle immobilière, le marché espagnol de la pierre traverse une nouvelle période d’euphorie, avec une envolée de la vente immobilière et une flambée des prix. De quoi raviver les inquiétudes, même si les experts se veulent rassurants. Oubliée la longue convalescence entamée au lendemain de la crise de 2008: «le marché résidentiel connaît depuis un an une période exceptionnelle», souligne Sandra Daza, directrice générale de Gesvalt, un cabinet de conseil en immobilier.

Selon des chiffres publiés mercredi par l’Institut national de la statistique , 565.523 logements ont été vendus l’an dernier outre-Pyrénées.

Immobilier en Espagne : trou d’air

L’année 2021 «a dépassé les attentes», confirme Francisco Iñareta, du portail immobilier Idealista, qui insiste sur la «vigueur de la demande». «Les statistiques montrent que la pandémie a accru l’appétit des Espagnols pour l’accès à la propriété», ajoute-t-il. Le marché espagnol de la pierre avait déjà connu un début d’embellie à la fin des années 2010, dans un contexte de forte croissance économique. Mais cette dynamique avait été enrayée en 2020 par la crise sanitaire, qui avait mis à l’arrêt les ventes et les chantiers.

Après ce trou d’air accidentel, «le redémarrage de l’activité était prévisible», juge Pablo Kindelán, directeur associé de Rubica Real Estate. Mais l’embellie de 2021 «va au-delà du simple rattrapage», ajoute cet expert, qui décrit «un phénomène structurel». Un avis partagé par Mme Daza, pour qui le marché a bel et bien tourné la page des années 2010. «L’immobilier est devenu une valeur refuge», explique cette analyste, qui attribue cette embellie aux «faibles taux d’intérêt» bancaires et au «taux d’épargne élevé».

Les leçons de la crise

Les hausses des prix, quoiqu’importantes, sont tout d’abord concentrées sur certains biens, notamment les résidences secondaires, et sont sans commune mesure avec celles des années 2000. «À l’époque, les hausses atteignaient 10 à 12% par an», soit le double du rythme actuel, rappelle Sandra Daza. Par ailleurs, la hausse de la demande ne s’est pas accompagnée ces derniers mois d’un emballement de la construction. Selon le gouvernement, 105.000 mises en chantier ont été enregistrées en 2021, un chiffre très éloigné des records de l’avant-crise .

Selon les spécialistes du secteur, la principale différence avec les années 2000 concerne cependant les prêts bancaires. «À l’époque, les banques finançaient n’importe quoi. Désormais, ce n’est plus le cas: elles ont tiré les leçons de la crise», avance Pablo Kindelán.